Cet ouvrage édité en 2010 est une bonne surprise. Il revient sur l’un des personnages principaux de la première guerre mondiale; à savoir, le général Joseph Joffre.
Je dis général car l’auteur, André Bourachot, s’est concentré sur les années 1911 à 1916 d’où le sous-titre de l’ouvrage: « De la préparation de la guerre à la disgrâce, 1911-1916″.
Il ne s’agit donc pas d’une biographie complète de Joffre. Il en existe déjà d’ailleurs un certain nombre.
J’ai bien apprécié le travail d’André Bourachot sur le fond comme sur la forme.
Sur le fond:
- L’auteur revient d’abord sur la désignation de cet obscur général de l’arme du génie à la tête de l’État-major général. Il n’y avait pas que des dimensions militaires à cette nomination !
- On va voir que dans les années précédant la guerre, Joffre va impacter son poste et la doctrine de l’armée française sans pouvoir, ni vouloir d’ailleurs, changer radicalement les orientations sur l’offensive à outrance…
- Un chapitre intéressant est consacré à l’analyse du plan XVII et au problème posé par la Belgique farouchement indépendante même dans la réflexion sur les risques possibles d’invasion
- un chapitre bien complet nous donne les clés utilisées par Joffre pour améliorer la préparation française à la guerre: la loi des trois ans, l’emploi des réserves et l’évolution, trop lente, de l’artillerie lourde ainsi que la réflexion sur le rôle de la fortification fixe et de campagne
- bien évidemment, le gros morceau est constitué par l’offensive allemande en Belgique, l’offensive française en Alsace et la bataille de la Marne dans lequel le « duel » Galliéni-Joffre est particulièrement bien présenté.
- les derniers chapitres sont moins profonds dans l’analyse à mon goût mais ils éclairent la disgrâce de Joffre: les grignotages, Verdun, Joffre et la politique, les limogeages.
Sur la forme:
- j’ai découvert un auteur au style assez direct qui visiblement semble apprécier le sujet de son étude sans omettre ses défauts, lacunes et erreurs.
- étant officier supérieur, André Boourachot a su brillamment, à mon sens, éclairer les problèmes qui se posent au sommet d’une armée républicaine soumis aux pressions du gouvernement du pays, à celles de ses pairs et à celles de l’ennemi dans la bataille décisive… Et ce ne fut pas simple pour Joffre !
Au final, un très bon ouvrage pour découvrir/approfondir la compréhension de l’armée française dans la Grande Guerre !
Aux éditions Bernard Givanangeli Editeur. 255 pages avec une bibliographie sommaire et des notes utiles et de qualité.
Excellent bouquin !
Acheté sur tes conseils (encore un !)
J’aime beaucoup le style direct et franc de l’auteur (pas de sous entendu ou de circonvolution), et en même temps il a un propos étayé par des sources sérieuses et nombreuses. Ce n’est pas juste un exercice de style
J’ai pour ma part appris que le débat sur la responsabilité de Joffre à propos de l’échec d’août 1914 n’était pas récent (je pensais que cela faisait partie de notre époque de repentance si prompte à revisiter notre histoire).
Il a été en effet abondamment critiqué, et ce, dès sa nomination en tant que Généralissime. La formule de Driant (qui mourra à Verdun si je ne m’abuse) est assez piquante : « Joffre ? Tout juste bon à faire un chef de gare ! »
Une énième querelle entre les Anciens et les Modernes, selon l’auteur …
Merci pour m’avoir fait découvrir cette belle surprise !
Merci Charles Antoine !
Essaie derrière le Frankel. Un autre prisme mais ça vaut aussi le détour !
https://www.bir-hacheim.com/joffre-lane-qui-commandait-a-des-lions-roger-fraenkel/
Bonne journée !