Je n’ai pas pu attendre bien longtemps avant de lire cet ouvrage de Joseph Balkoski, édité par Histoire & Collections pour la version française.

Cet ouvrage est complètement consacré à la seule journée du 6 juin 1944 sur cette longue plage normande entre Vierville et Coleville qu’on n’allait plus appeler désormais que par son nom de code américain: Omaha, « Omaha la sanglante ».

Ce fut une longue journée de près de 18 heures de clarté qui fut bien , pour l’ensemble des combattants survivants, le « Jour le plus long ».

C’est donc là, sur l’une des cinq plages du D-Day, qu’allait se jouer l’établissement de la tête de pont des forces alliées en Europe de l’Ouest.

L’ouvrage de Joseph Balkoski est réellement impressionnant: en 390 pages, il embrasse toute la réalité du jour J vécue tant par les combattants que par les officiers supérieurs en charge de l’opération, de l’arrivée sur la plage jusqu’à la tombée de la nuit. L’ouvrage fait vraiment la part belle aux témoignages directs. Dans la mesure du possible, l’auteur a repris ces témoignages au plus près des faits vécus dans l’espace mais aussi dans le temps. En conséquence, les dits-témoignages occupent finalement près de la moitié de l’ouvrage global. J’avoue en avoir été parfois gêné dans la lecture mais cela n’enlève rien à l’intérêt du travail de Joseph Balkoski.

L’ouvrage s’ouvre évidemment par le contexte de l’opération Overlord, par la préparation alliée et par les mesures prises par les Allemands pour se défendre et repousser l’invasion attendue.

En fait, Overlord fut une opération sacrément bien préparée à tous points de vue. Ce qui est impressionnant, c’est que finalement, rien ne se déroula comme prévu: ratage des bombardements aériens et navals préalables, dérive des navires de débarquement, mauvais renseignements sur les unités allemandes opposées, échec des blindés amphibies. Bref, le débarquement se réalisa dans des conditions terribles très bien rapportées par Joseph Balkoski. Avec les GI’s, vous allez vraiment vivre sous les tirs directs et indirects allemands, vous comprendrez l’agglutinement mortifère et statique des soldats à l’abri des jetées, le mélange dangereux des unités combattantes, l’impact de la montée rapide de la marée et l’importance des quatre valleuses d’accès hors de la plage.

On a beau connaître l’histoire, il y a un moment où l’on sent vraiment le découragement gagner. Et c’est là qu’on découvre qu’il s’agit finalement d’un combat d’infanterie où les personnalités se révèlent: des sous-officiers, officiers subalternes et supérieurs vont se lever pour mener des combattants apeurés, séparés de leur hiérarchie directe, en dehors des plages tant pour éviter d’être tués que pour permettre à d’autres unités constituées de débarquer.

Au final, on sort de l’ouvrage avec une impression de confusion extrême, de coups du sort, de pertes importantes, d’héroïsme ordinaire et extraordinaire. 18 heures de jours, ce fut sûrement le Jour le plus long de leur vie pour ceux qui survécurent…

Le texte de Joseph Balkoski est, qui plus est, soutenu par une iconographie nombreuse en n/B dans le texte, 27 cartes bien utiles, des annexes, une bibliographie et un index.

Bref, un superbe ouvrage proposé par les éditions Histoire & Collections indispensable à toute bibliothèque consacrée à la seconde guerre mondiale.

Pour rappel, au delà de son talent d’auteur, Joseph Balkoski est aussi un concepteur de wargames bien renommé. Sur la bataille de Normandie, il a conçu les simulations suivantes:

  • Atlantic Wall (SPI – 1978)
  • Omaha Beachhead (Victory Games en 1987)
  • St Lô (West End Games – 1986)

Mais, si je dois vous parler de wargame sur le D-Day, je mettrais en valeur le travail réalisé par John Butterfield sur D-Day at Omaha Beach (Decision Games – 2009 réédité récemment).

En fait, pour la première fois de ma vie, j’ai vu un wargame en lisant le livre de John Balkoski. Je m’explique: en général, ce sont mes lectures qui me servent d’inspiration quand je joue au wargame. Et bien pour une fois, ce fut l’expérience inverse. John Butterfield, en créant son wargame solo, a fait un magnifique travail par lequel j’ai vraiment perçu la confusion, les difficultés puis l’étape de rétablissement puis d’entrée dans les terres à l’arrière de la plage avec l’importance des 4 valleuses présentes sur Omaha Beach. Bref, vous l’aurez compris, vous vivrez avec D-Day at Omaha Beach une expérience de wargame inoubliable, que vous pouvez, de plus, vivre à deux, l’un des wargamers prenant la 1st Infantry Division et l’autre la 29th.

Le jeu est disponible dans les bonnes boutiques en ligne, comme Hexasim,  et sur le site de l’éditeur.

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