A l’heure où sortent simultanément… et en français, deux biographies du célèbre maréchal britannique Bernard Law Montgomery, vicomte d’Alamein, il m’a semblé opportun de lire les mémoires du dit-maréchal.

Car enfin, ne s’agit-il pas de l’une des personnalités les plus importantes de la seconde guerre mondiale (vainqueur de Rommel en Afrique du Nord, son impact sur les plans d’invasion de la Sicile et de Normandie, commandant des opérations terrestres en Normandie puis de l’un des groupes d’armées à l’assaut de l’Allemagne en 1944-1945 ?).

Bref, si son action a souvent été critiquée depuis la fin de la guerre, il n’en reste pas moins l’une des personnalités clés de la seconde guerre mondiale. A l’heure où de brillants jeunes hommes aux titres universitaires se penchent sur sa carrière ;-), il me semble de bon aloi de lire l’homme qui fut combattant, instructeur, commandant d’une compagnie à plus de 100.000 hommes au combat !

On entend parfois, de ci, de là, que les mémoires des grands hommes sont de peu d’intérêt car leurs auteurs sont concentrés sur leur petite personne et sur la place qu’ils souhaitent laisser dans l’Histoire. On ne peut objecter ces penchants naturels bien humains mais  les mémoires n’en constituent pas moins un matériau de départ bien intéressant quand il s’agit d’nalyser les faits mais aussi les motivations et le contexte dans lesquels des décisions d’importance furent prises. C’est évidemment le cas, ici aussi, pour le maréchal Montgomery.

Parmi les faits saillants de ce dernier, on lui reprochera cette rare capacité à descendre ses collègues, particulièrement ses supérieurs. Il le fait souvent de manière argumentée et soutenue par ses notes personnelles, mémos, télégrammes ou ordres. J’attends d’ailleurs de ses plus récents biographes la réfutation éventuelle de ses arguments ! 😉

Certains ont pu considérer ces mémoires comme  « texte mineur », « curiosité », « texte de peu d’importance », cela me gêne d’autant plus quand il s’agit de l’un de ses biographes, justement ! Si on veut apporter un vrai éclairage sur un tel personnage, n’est-il pas plus efficace de partir de ses mémoires comme l’a fait brillament le colonel Rémy Porte sur les mémoires du général Sarrail ou encore Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri dans la biographie qu’ils ont consacré à Joukov ?

Les points forts du texte du maréchal Montgomery ont été pour moi:

  • les deux chapitres où il donne son éclairage (trop court) sur le commandement: « Ma doctrine de commandement », « Réflexions sur le haut commandement »
  • ses remarques critiques sur l’armée anglaise (1ère guerre mondiale, armée des Indes, seoncde guerre mondiale et après-guerre)
  • son chapitre très personnel sur son épouse
  • ses divergences avec Eisenhower quant aux opérations à l’ouest du débarquement en Normandie à l’invasion de l’Allemagne
  • ses réflexions sur l’union de l’Occident, la réduction des forces occidentales après guerre et la naissance de l’OTAN

On lui reprochera, c’est un parti pris, de ne pas décrire les opérations sur lesquelles son action a pesé. Il renvoie systématiquement à d’autres ouvrages. Il se place strictement de son point de vue et du haut commandement. On peut le regretter car il ne fait que décrire ses plans, l’exécution étant laissé à ses officiers subalternes. Et pour le reste, on l’a compris, il dort ! 😉

On notera aussi son intérêt pour les soldats (ces civils en armes) pour leur instruction, pour leur motivation et leur bon moral ainsi que pour la préparation systématiques des opérations pour économiser la vie de ses hommes.

En conséquence, on sera sans doute surpris de sa capacité à passer d’une « vision macro » à des détails parfois intimes. Pour ma part, je pense qu’il s’agit d’une volonté de se rendre « plus humain » que sa réputation ne le laisserait supposer. Il proclame régulièrement ses défauts mais en fait bien souvent des qualités… Ah, vanité humaine !

De fait, Monty est un authentique officier britannique qu’il faut juger (mais peut-on en être juge ?) à l’aune de ses actions.

Pour ma part, je me suis jeté avec délectation sur ses mémoires et cela m’a donné envie désormais de lire celles du général Bradley et d’Eisenhower ! A suivre !

Mais en attendant, sus à ses biographies récentes ! Ah que l’édition française en histoire militaire est prodigue en ce moment !

Mémoires du maréchal Montgomery. Bernard Law Montgomery. Aux éditions Plon en 1958. 568 pages avec 14 cartes dans le texte.

 

 

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