Un ouvrage qui m’a réellement passionné.

Rappel des faits !

  • Officier républicain très engagé politiquement, le général Sarrail a commandé le IIIème corps d’armée lors de la bataille de la Marne à l’automne 1914
  • Il va prendre le commandement de l’armée d’Orient d’octobre 1915 à décembre 1917.
  • il a rédigé ses mémoires sur cette période dès 1920: le sujet était encore chaud tant dans son esprit que sous sa plume…

L’ouvrage présenté ici reprend l’intégralité du texte d’origine avec ses annexes abondantes.

On y découvre un officier général au franc-parler mais qui est également très polémique à destination de ses subordonnés, de ses supérieurs ainsi que de ses Alliés dans la guerre. J’avais d’ailleurs été surpris, en première lecture, il y a quelques années du fait qu’il ne se reprochait d’ailleurs pas grand chose. Or on sait qu’il a été beaucoup reproché à l’Armée d’Orient et au général Sarrail…

Je pense que c’est le caractère polémique de ces mémoires de Sarrail qui a incité le colonel Rémy Porte à réaliser un travail d’analyse et de commentaire de ce texte volumineux: plus de 500 pages dont près de 150 pages d’annexes originales. En fait, le lieutenant-colonel Rémy Porte nous propose le texte original de Sarrail agrémenté de notes abondantes en bas de page.

La démarche présente plusieurs intérêts:

  • la prise de recul de l’historien, et du professionnel, sur les faits, les personnages, les comportements des différents acteurs concernés
  • la mise en avant des travers de l’auteur en confrontant son point de vue à ceux de ses subordonnés, de ses supérieurs et de ses Alliés ainsi qu’à la réalité historique
  • l’éclairage porté sur les difficultés militaires, logistiques, diplomatiques de ce théâtre d’opérations si particulier que fut celui de l’Armée d’Orient et du camp de Salonique

Au final, une belle réussite selon moi. Il est clair que la lecture, simultanée, du texte de Sarrail et du commentaire de Rémy Porte pourrait gêner quelques lecteurs sur la forme mais ce serait vraiment passer à côté d’un travail important.

J’en profite d’ailleurs pour saluer l’humilité de l’auteur qui aurait tout aussi bien pu écrire un ouvrage sur Salonique mais qui a préféré cette forme d’écriture bien plus efficace en raison des objectifs visés. Je salue également l’éditeur, les éditions Soteca, pour avoir publié ce travail utile et intelligent.

Un ouvrage chaudement recommandé aux amateurs de l’histoire de l’Armée Française ou de la Première Guerre Mondiale.

Aux éditions Soteca en 2012. 500 pages.

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