Autant l’édition anglo-saxonne regorge d’ouvrages sur la seconde guerre mondiale sur le front de l’est, autant l’édition française reste pauvre sur le sujet. Je garde le souvenir (il est aussi dans ma bibliothèque) de l’ouvrage de Harrison Salisbury, « Les 900 jours« , édité pour la première fois … en 1969. Ça date ! Il y a aussi les souvenirs du journaliste britannique de la BBC, Alexander Werth, ré-édités récemment par les éditions Tallandier dans leur collection de poche, Texto, sous le titre « Léningrad, 1943« .
L’historien Pierre Vallaud nous propose de revisiter non seulement le long siège de Leningrad (près de trois ans…) mais aussi les opérations du Groupe d’Armées Nord allemand depuis l’ouverture de l’opération Barbarossa à l’est. Les opérations de dégagement de la ville sont également prises en compte.
Les amateurs d’histoire militaire trouveront l’essentiel sur les opérations militaires, les puristes resteront sans doute sur leur faim si on compare aux travaux d’un Jean Lopez par exemple. En effet, on passe allègrement de la dimension stratégique aux anecdotes de terrain avec une vision quand même parcellaire des opérations, les trois cartes hors-texte restant à mon avis bien insuffisantes pour un ouvrage d’histoire militaire.
Par contre, l’ouvrage est écrit dans un style alerte et captivant mettant quelques points centraux en valeur:
- l’impéritie des Soviétiques dans la préparation du siège, l’évacuation des habitants et des réfugiés et dans le ravitaillement de la ville durant son isolement
- la doctrine nazie en ce qui concerne les prisonniers, les Juifs, les commissaires politiques et la volonté de vaincre par la famine la population léningradoise
- les circonstances vécues par les habitants de Léningrad: la faim, la soif, les faits de guerre, le froid. Cela m’a rappelé les écrits terribles rassemblés par Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri dans « Grandeurs et misères de l’Armée Rouge » ou encore par Catherine Merridale dans « Les guerriers du froid« . A l »heure où nous allons « fêter » le 70ème anniversaire du 8 mai 1945, il est utile et respectueux de se rappeler le million de morts de Léningrad et les 20 millions de Soviétiques disparus…
Donc au final, j’ai passé un très bon moment de lecture avec un auteur, Pierre Vallaud, que je ne connaissais pas. Une expérience à reproduire prochainement avec son « Hitler contre Berlin » paru récemment aux éditions Perrin !
L’étau. Le siège de Léningrad. Par Pierre Vallaud. Aux éditions Fayard en 2011. 384 pages avec trois cartes hors-texte. L’ouvrage a été réédité dans la collection de poche Pluriel des éditions Fayard en 2013.