Après la présentation générale de la nouvelle revue d’histoire militaire, Guerres & Histoire, attardons nous maintenant sur le contenu de ce premier numéro !

Au sommaire:

  • Yakov Semenov, colonel du KGB: « comment j’ai pris le palais de Kaboul »: Yacha MacLasha nous propose une interview inédite de cet officier russe chargé de l’attaque du palais présidentiel afghan. On y apprend à demi-mot qu’il aurait tué lui-même le président afghan Hafizullah Amin. Tout aussi impressionnant, l’improvisation et le manque de coordination des unités russes pour une opération finalement réussie. Une belle exclusivité pour ce numéro 1 ! Bien joué !
  • Une rubrique Actualités sur 4 pages bien dans l’esprit de Science & Vie.
  • Viet Nam, 1965: premier sang, premières larmes: dans cette rubrique « caméra au poing », sur la base d’une série de photos prises par Larry Burrows, Pierre Grumberg se livre à un reportage photos d’une opération héliportée US le 31 mars 1965: sang et larmes seront au rendez-vous. Larry Burrows, légende du reportage de guerre, devait trouver la mort à la frontière laotienne en 1971. Des photos d’une rare intensité !
  • Une rubrique « Questions-réponses », elle aussi bien dans l’esprit de Science & Vie. Et bien, comme son nom l’indique, on y apprend beaucoup de la grande comme de la petite Histoire ! 😉
  • Napoléon était-il vraiment un génie militaire ? Il s’agit là du dossier principal de ce numéro 1 de Guerres & Histoire au titre provocateur pour faire vendre en devanture des kiosques et autres maisons de la presse ! Pour être clair, je n’ai pas vraiment été convaincu par ce dossier à charge… ok, je suis quelque part un peu napoléonide… 😉
  • Les campagnes de Napoléon: du meilleur au pire: en six pages, Pierre Grumberg et Patrick Bouhet font l’inventaire des campagnes du grand stratège français sous l’angle de la conception/exécution stratégique, opérationnelle et tactique. Un peu sommaire et rapide mais un bon article de vulgarisation. Avec cartes. Je passe.
  • Ils ont appris comment le battre: Antoine Reverchon nous livre quelques portraits: les autrichiens Charles et Schwarzenberg, le russe Barclay de Tolly et l’anglais Wellington. Quatre portraits exécutés en 2 pages. D’autres auraient sans doute aussi mérité une place mais il fallait bien se limiter. Je passe.
  • Grande Armée: un royal héritage bien exploité. Patrick Bouhet et Pierre Grumberg se sont de nouveau associés pour mettre en valeur les précurseurs qui ont pensé et aidé à la construction de la supériorité de l’armée française dont allait hériter Napoléon Bonaparte: Guibert, Broglie, Ségur, Gribeauval et Carnot… Certes mais il fallait bien du génie pour tirer partie, combiner et exploiter à fond toutes ces innovations. Et là, c’est bien Napoléon Bonaparte qui l’a fait, non mais !
  • Les six faiblesses de Napoléon: là, Pierre Grumberg attaque fort sur les limites de l’empereur. Il s’appuie essentiellement sur les travaux d’Owen Connelly, de Charles Esdaile mais également sur ceux de Bruno Colson. Le grand homme avait ses défauts, c’est incontestable… Alexandre aussi ! Certains le perdront, c’est tout aussi vrai. Mais bon, j’ai un peu pris l’article comme une attaque chronique pour justifier l’accroche de la couverture. Rien de faux mais un style genre « Nouvel Obs » qui m’a un peu énervé… Et je n’ai guère apprécié les dessins signés MD. Voilà, voilà…
  • La marine de Darlan: une marine dépassée ? Pierre Grumberg, encore lui, s’attaque à un sujet rarement traité: la marine de guerre française de l’entre deux guerres. Il s’appuie sur des auteurs de renom comme Masson, Coutau-Béragie & Huan ou encore Michèle Battesti pour ceux que je connais. Un exposé clair des forces et faiblesses de la Marine Française à l’aube de la seconde guerre mondiale. Un article utile mais j’ai compris ma difficulté avec le style de Pierre Grumberg: le style journalistique qui n’a pas ma préférence dans les ouvrages d’histoire. 😉
  • Leuctres ou le triomphe de la géométrie sur le nombre. Une plongée bienvenue dans la guerre antique ! Elle nous est livrée par Eric Tréguier et nous emmène dans la plaine de Leuctres en 371 avant JC. Le thébain Epaminondas va mettre fin à la suprématie spartiate dans l’art de la guerre dans la Grèce antique. Un bon article en 5 pages bien claires. Avec une superbe illustration de Giuseppe Rava que les lecteurs de Vae Victis apprécieront. Par contre, les cartes de la bataille ne m’ont pas enchanté.
  • Balkans, 1941: dernier sans-faute d’Hitler ? Cet article là, je l’attendais tout particulièrement car il est signé de l’historien et rédac’chef du magazine, Jean Lopez, connu pour ses ouvrages très importants sur la guerre germano-soviétique. Un article de huit pages bien complet qui m’a parfaitement satisfait. Quand on voit les questions en conclusion, on se plait à penser que l’auteur pourrait nous gratifier dans les années à venir d’un ouvrage sur le sujet…
  • La grande muraille à cœur ouvert: une belle illustration commentée sur deux pages.
  • B-52 Stratofortress: les 5 secrets de la longévité. Jean-Christophe Noël et Pierre Grumberg nous livrent les raisons du succès inégalé de ce bombardier géant qui pourrait bien boucler un siècle d’existence s’il atteint 2051… Bien intéressant !
  • Les commandos de la guerre du feu: Jean-Dominique Merchet, l’auteur de l’excellent blog Secret Défense, nous livre une réflexion sur la guerre en mode préhistorique. Bref à l’origine des forces spéciales d’aujourd’hui… 😉
  • Les tercios, bras invincible de l’Espagne. Pierre Picouet et Laurent Henninger nous livre une analyse bien intéressante du pilier central de la guerre espagnole aux 16ème et 17ème siècle: les tercios d’Espagne ! Avec de belles illustrations.
  • Depuis 150 ans, les mines sèment la mort: une double page illustrée sur les mines anti-personnels par Jean Lopez.
  • Poilu de 1914, appelé en Algérie, engagé lors de l’opération Daguet: qu’est-ce qui a changé ? J’attendais évidemment avec impatience de lire cet article signé du colonel Goya, auteur de quelques uns de mes ouvrages récents préférés. Un article en huit pages qui fait le point sur l’évolution de l’infanterie française au cours du 20ème siècle. Pas déçu du tout !
  • Sun Zi pour les bleus ! Pierre Grumberg à la baguette pour interviewer Valérie Niquet qui semble être une spécialiste de cet auteur légendaire de la stratégie !
  • A quoi sert l’histoire militaire ? Une chronique de Laurent Henninger. Une réflexion bien intéressante sur l’impact de l’histoire militaire sur la doctrine des professionnels de la guerre particulièrement aux USA…
  • Une guerre au cinéma: Irlande du Nord. Une rubrique originale qui vise à nous faire découvrir un conflit à travers sa filmographie. C’est signé Joanne Taafe. Pas très cinéma, moi.
  • A lire, à voir, à jouer: une rubrique exhaustive couvrant les nouveautés en livres, vidéos et jeux. Manque juste une rubrique « wargames » ! On retrouve dans cette rubrique les critiques de Laurent Henninger, dire qu’il a quitté la rubrique de Vae Victis… Ben maintenant, on sait pourquoi… 😉 J’ai fait mon marché !
  • Quizz: connaissez vous la guerre de 1870 ? Une rubrique détente. J’ai eu 17/20… Qui dit mieux ? 😉
  • Ah, si Suffren avait commandé à Trafalgar ! Charles Turquin nous livre une chronique drolatique dans laquelle Suffren défend son « pays », l’amiral Villeneuve. Rubrique détente.

Au final, j’ai bien apprécié ce numéro 1 de Guerres & Histoire.

Magazine de vulgarisation, il n’en apporte pas moins aux passionnés des réponses sur des sujets pas toujours maîtrisés. Pour ma part, j’ai noté près d’une dizaine d’ouvrages pour compléter ma bibliothèque, rien moins que ça !

Pour 5,95 €, ça ouvrira bien des discussions, amènera de nouveaux adeptes à l’histoire militaire… Donc je re-signe pour le n°2 !

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