On garde trop souvent le souvenir d’un Bourmont abandonnant les lignes françaises la veille de la bataille de Ligny (1815) et partant à la conquête d’Alger, aux ordres de Charles X en 1830 où il gagna son bâton de Maréchal de France.

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C’est oublier que ses quartiers de noblesses firent de lui, jeune, un soldat au service du Roi dans les Gardes-Françaises puis dans les Armées de l’émigration et dans les bandes de la Chouannerie à l’ouest. On le retrouva impliqué dans la conspiration de Cadoudal et il ne put échapper à la prison. Évadé, alors que nombre de ses pairs officiers royalistes auront déjà rejoint l’armée impériale, Bourmont reprendra du service sous le commandement de Junot au Portugal en 1808. A partir de cette date, il fut de l’aventure guerrière de l’Empire. Et sa conduite efficace et courageuse au cours des campagnes de 1813 et 1814 lui valurent le titre de général de division. Bref, un grand soldat reconnu par l’Empereur comme tel.

Faut il rappeler que l’aventure impériale de 1815 dura 100 jours ? Bourmont servit à contre cœur et rejoignit Louis XVIII à Gand à la première occasion. L’historiographie impériale ne lui pardonna pas et les républicains non plus quand il fut nommé à la tête du corps expéditionnaire français qui s’embarqua pour l’Algérie en 1830. La révolution qui allait mener Louis-Philippe au pouvoir se déclencha lors des opérations militaires qu’il mena et qui s’acheva par la prise d’Alger. Bâton de Maréchal à la clé, Bourmont resta fidèle à Charles X et connu derechef l’exil. Ralliement à Louis XVIII et fidélité à Charles X: las, ce seront les biographes républicains qu’il s’alliéna !

Les deux dates de 1815 et de 1830 valurent à Bourmont le manque d’intérêt manifeste des biographes des 19ème et 20ème siècle.

bourmont-henry-destre d’Estre fut l’un des rares biographes à s’intéresser à Bourmont. Il le fit en 1934 dans un petit opus de 281 pages que j’ai entre les mains depuis peu de temps. Une biographie classique qui vaut surtout par la rareté du sujet étudié. A noter les trois pages de sources en introduction de l’ouvrage fort utiles pour aller plus loin.

Et pour conclure, je ne peux que citer le grand historien Jean Tulard dans son dictionnaire Napoléon: « Traître ou malchanceux, cet homme de talent s’est trouvé souvent du mauvais côté ».

Bourmont par Henry d’Estre chez Plon (1934).



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