Vie et mort des soldats de l’Armée Rouge, 1939-1945.

Lors de la lecture de « Grandeur et misère de l’armée rouge » de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, j’avais été halluciné par le parcours, la vie aux armées et au combat des frontoviki de l’armée soviétique durant la deuxième guerre mondiale.

Quand est sortie la traduction en français de l’ouvrage de Catherine Merridale, je me suis logiquement précipité pour en savoir plus, au delà des témoignages individuels présents dans l’ouvrage ci dessus.

En fait la démarche de l’historienne britannique est également basée sur les témoignages (difficile de faire autrement d’ailleurs) mais dans une approche qui se veut plus générale; les témoignages servant à appuyer/démontrer les différents sujets abordés.

En fait, j’ai trouvé ce « Les guerriers du froid » toujours aussi hallucinant car ces hommes et ces femmes de l’empire soviétique se sont retrouvés coincés entre un système terrible où les corps et les esprits étaient taillables et corvéables et le gigantesque hachoir de la machine de guerre nazie.

On va découvrir peu à peu l’état d’esprit et les conditions de vie des soldats soviétiques avant la seconde guerre mondiale, la terrible désillusion et les pertes immenses causées par l’Opération Barbarossa, les conditions de vie des civils et des partisans sous la botte allemande, celles tout aussi terribles des civils dans les villes et les conglomérats industriels soviétiques, les rapports entre les frontoviki et leurs familles (enfin, c’est vite dit…), la perception lors de la reconquête par les soviétiques des dégâts et des massacres dans les régions occupées par les nazis , la répression des peuples qui ont collaboré avec l’ennemi ou ayant des velléités d’indépendance lors du retour des soviétiques, la colère et les exactions commises sur le territoire allemand lors de l’hallali final et enfin les difficiles conditions de retour et la construction de l’idéal de la « Grande Guerre Patriotique » qui suivit la fin de la guerre.

Je n’arrive pas à trouver un autre terme qu’hallucinant pour caractériser ce que ces femmes et ces hommes ont vécu durant ces terribles années. Il fallait vraiment être russe… ou soviétique pour supporter ça…

L’ouvrage de Catherine Merridale n’est clairement pas un ouvrage d’histoire militaire (j’ai quand même bien ri, page 249, quand fut évoqué le Tiger I et son redoutable fusil antiaérien allemand de… 28mm… Une coquille ? Une erreur de traduction, une erreur de l’auteur ? Mais sincèrement là n’est pas le sujet. Je salue, pour ma part, un beau travail d’analyse sociologique et psychologique de ces soldats en guerre. Il fallait recueillir ces témoignages avant qu’ils ne disparaissent à jamais.

Merci à Catherine Merridale de l’avoir fait !

Un ouvrage indispensable dans toute bibliothèque consacrée à l’histoire militaire et à la guerre.

Le texte est complété de notes abondantes, de notes sur les sources, d’une chronologie et d’une bibliographie sélective. 512 pages aux éditions Fayard en 2012.


Partager