Un ouvrage difficile à classer mais quel must !
Encore une belle surprise des éditions Nimrod qui sont allées chercher cet ouvrage dans l’édition américaine.
On s’attend clairement à un récit de la doctrine d’emploi et des opérations de la Delta Force américaine.
A ce niveau, on n’est pas déçu, particulièrement en ce qui concerne l’opération Anaconda en Afghanistan en mars 2002 et les dysfonctionnements du commandement américain en cette occasion.
Mais c’est loin d’être le sujet exclusif de l’auteur, Pete Blaber. Je dirais même d’ailleurs que l’essentiel n’est pas là. Le lieutenant colonel nous distille des concepts et des principes qui s’appliquent évidemment aux opérations militaires mais qui serviront aussi au chef d’entreprise, au responsable d’équipe, etc, etc…
Je me suis trouvé d’ailleurs dans la position de mettre en oeuvre l’un de ces principes dans l’analyse d’une situation qui m’est arrivée dernièrement. Redoutable ! Sincèrement, je vais relire très prochainement cet ouvrage en l’annotant de manière à l’exploiter régulièrement.
Juste pour vous appâter, voici les principes proposés et démontrés par Pete Blaber:
- la mission, les hommes et moi
- ne vous faites pas piéger par un chihuahua
- dans le doute, développez la situation
- imaginez l’inimaginable, laissez l’humour nourrir votre imagination
- écoutez toujours l’homme de terrain
- une réalité n’existe que si elle est partagée
Ok, vu comme ça, rien ne paraît déterminant… mais sincèrement, achetez et lisez ce livre. Il vous sera bien utile ! 😉
Je tiens, évidemment, à féliciter les éditions Nimrod pour avoir permis aux lecteurs francophones de découvrir ce texte !
La mission, les hommes et moi. Pete Blaber. Editions Nimrod en février 2016. 308 pages avec notes, cartes en n/b et photos couleurs en deux cahiers intérieurs.
Salut le rombier ! Je suis tes (pertinents) conseils de lecture avec ce livre qui va m’accompagner ces prochains jours. Je ferai un petit retour ici prochainement.
Bonjour Yoyo76
Merci pour ce commentaire. ça me rappelle qu’il faut que je le relise et que je l’annote ! merci aussi pour ça !
Bon week-end !
Jluc
Voilà un avis détaillé sur ma lecture, on est pas du même avis mais je ne t’en veux pas mon rombier 😉
Continue ton travail de défrichage, à chacun de trier ensuite selon ses sensibilités !
David Blaber est un ex-Lieutenant-colonel des Forces Spéciales américaines, vétéran de nombreux conflits en Europe (Ex-Yougoslavie notamment) et au moyen-Orient (Irak et Afghanistan). Il nous transmet dans ce livre « De la mission, des hommes et moi », une partie de son expérience, centré autour d’anecdotes marquantes ou de récits d’opérations.
Au travers de ce récit, il met en évidence deux gros défauts de l’armée américaine : la qualité de son renseignement et la lourdeur dans la chaine de décision militaire. Dans les deux cas, le constat qu’il réalise est le même : une observation trop éloignée de la réalité du terrain conduisent des décisions opérationnelles inadaptées. Des exemples sont mis en avant, au travers de sa propre expérience, comme le manque de cible à éliminer après le 11 septembre (qui est l’ennemi ?) et les manquements dans la transmission des ordres au cours de l’opération Anaconda.
Pourtant l’exercice trouve très vite ces limites. Là où Blaber semble exceller dans l’art du combat tactique, il sort carrément de son cadre de référence en faisant des réflexions qui le dépasse visiblement beaucoup. Il faut dire qu’il ne fait preuve d’aucune prise de recul sur sa carrière et le rôle que chacun doit jouer sur un théâtre d’opération.
Habitué à diriger de (petites) unités très spécialisées, il ne peut comprendre qu’un « gradé » ne dirige pas ses troupes au plus près du terrain (et pour tout dire en première ligne !). Il nous abreuve donc d’une critique tout azimut de tout personnel militaire un tant soit peu éloigné de la zone de conflit. Faisant ainsi fi des contingence d’un officier d’état-major, qui doit prendre des décisions suivants de multiples paramètres qui lui échappent visiblement : renseignements, relation inter-armée, logistique, politique, etc…
D’autre part, la modestie ne semble pas être sa qualité première. Très prompt à critiquer des décisions ces collègues des autre corps ou sa hiérarchie, il ne fait aucune critique rétrospective sur ces propres décisions, au contraire, il enfonce le clou en regrettant à de nombreuses reprises que ces supérieurs ne l’aient pas écouté. On plonge même parfois en plein ridicule lorsqu’il nous glisse en creux, que si l’on avait suivi ces recommandations, les attentats du 11 septembre auraient quasiment été évités (!), ou lorsque son récit de l’Opération Anaconda pourrait nous faire croire qu’elle a été gagné quasiment avec ces seuls hommes de troupes, une dizaine en tout (!).
Enfin la pire partie de son récit concerne ces « soit disant » moments de vie, qu’il semble si fière de nous faire partager, et nous répète « ad nauseum » tout au long du livre. Des préceptes parfois banals, souvent très naïf, et qui semblent tout droit sortie d’un (mauvais) guide de management des années quatre-vingt. Plus grave, on ne voit jamais Babler en position de manager avec ces équipes : accompagner, laisser les équipiers s’organiser en autonomie c’est bien mais il faut parfois aussi savoir trancher, prendre des décisions (éventuellement impopulaires), et là ça ne parait pas faire partie de son caractère. Pour tout dire, ça parait même un peu inquiétant pour un gradé de ce niveau…
Vous l’aurez compris, j’ai été très déçu par la lecture de « De la mission, des hommes et moi », dont j’attendais beaucoup. Aucune partie de son livre ne tient vraiment ces promesses, que ça soit dans le récit d’opération, les critiques périphériques de l’armée ou le management des hommes. Sorti de son domaine d’excellence, Blaber n’a pas le recul nécessaire pour apporter une réflexion suffisante sur un sujet qui le dépasse littéralement. Perdu dans ces réflexions, il a bel et bien échoué dans sa mission d’écrivain, lui qui a collecté tant de succès tout au long de sa brillante carrière militaire.
Bonjour Yoyo76 !
Vu pour ton opinion argumentée !
Une question cependant: quelle est ta profession ? Car l’éditeur, tout comme moi, en chefs d’entreprise, nous avons été intéressés par la dimension managériale du bouquin.
J’avais prévu de le relire pour l’annoter et m’en servir à titre professionnel, tu m’y as encouragé ! Merci !
Bonnes vacances,
Jean-Luc
Disons que je travaille dans l’industrie, en position de manager, dans un contexte très exigeant et soumis a un stress élevé. Rien a voir avec une situation de combat donc. Mais je ne recommande absolument pas de tester ses conseils de management ! De part mon expérience (et dans le contexte que je connais), c’est courir a un échec assure !
Hello Yoyo76,
J’ai prévu de le relire mais on est dans des contextes bien différents: je dirige une TPE de 25 personnes dans le domaine du web, donc petite structure, dans un contexte très innovant et mouvant. Peut-être que je m’y retrouve mieux. A confirmer ou infirmer après lecture. Bonne reprise ! Jluc