Pour accompagner la lecture de Syrie 1941 d’Henri de Wailly, je vous propose le wargame « Drive on Damascus » qui est, à ma connaissance, le seul jeu consacré à cette « guerre occultée » pour reprendre l’expression d’Henri de Wailly.
Ce wargame a été créé en 1981 et a été publié dans le numéro 18 de la revue, alors anglaise, The Wargamer.
Quelques grands noms du wargame anglo-saxon se sont portés sur sa naissance: le concepteur n’est autre que Vance Van Borries bien connu des amateurs de jeux Western Front – WW2, Richard Berg et Richard Garezynski ont contribué à son développement.
Le jeu est consacré à la campagne de Syrie en été 1941 qui opposa les forces alliées (anglais, troupes du Commonwealth et Français Libres) à l’armée du Levant dépendant du gouvernement de Vichy. En fait, l’insurrection en Irak soutenue par les Nazis laissait craindre aux Anglais un deuxième front qui aurait pu tourner l’Égypte si les allemands avaient mis le pied au Levant. Les Gaullistes jouèrent sur ce risque et furent motivés à gagner ce morceau de l’Empire qui leur aurait permis de renforcer leurs moyens humains et militaires. Par contre, Vichy souhaitait garder le statut quo et préserver les acquis de la Convention d’Armistice dont dépendait l’existence de la zone libre, l’autonomie de l’Afrique du Nord Française et le maintien de la flotte française dans nos ports. Ce fut la pression allemande de faire transiter par le Levant des forces aériennes en soutien de l’insurrection irakienne qui déclencha la décision britannique d’attaquer.
Les objectifs furent Beyrouth et Damas ainsi que la sécurisation de la frontière turque. L’offensive démarra lentement en raison des trop faibles moyens dont disposait le commandement allié mais aussi en raison de la résistance vive et entière des troupes de Vichy. Il fallut un renforcement certain des unités alliées et la certitude que les allemands n’interviendraient pas, par le déclenchement de l’invasion de la Russie, pour faire basculer définitivement la victoire du côté allié.
Si les buts de guerre anglais étaient atteints, les « français libres » récupérèrent de faibles armements, peu de troupes et deux pays sous administrés, la plupart des soldats et des fonctionnaires de Vichy refusant le ralliement à la France Libre et décidant leur rapatriement en France métropolitaine.
Le jeu de Vance Van Borries comporte 260 pions représentant principalement des bataillons, quelques compagnies et des batteries. Le terrain couvre le Proche Orient: de la Palestine à la frontière turque et de la Méditerranée au delà de Damas.
A noter une belle originalité: l’absence d’hexagones remplacés par un quadrillage de points mettant bien en valeur le terrain.
Les difficultés de la campagne sont bien illustrées particulièrement en ce qui concerne les problématiques de renfort. A noter des options intéressantes d’intervention plus ou moins lourde de l’Allemagne nazie.
Bref, un jeu bien ciselé difficile à trouver désormais.