De la guerre n°4. Magazine.

Sincèrement, j’adore ce format !

On retrouve l’esprit de « Guerres & Histoire », le bimestriel mais avec une densité et une profondeur d’article idéales. Je suis toujours fasciné par le traitement innovant de l’histoire militaire mise en place par Jean Lopez et son équipe de rédaction depuis maintenant plus de 12 ans. Avec ce format « De la guerre » qui en est au numéro 4, on a des dossiers et des articles plus denses toujours servis par une équipe d’historiens de haut vol.

Le sommaire de ce numéro 4:

• Au coeur de la bataille romaine. Maxime Petitjean nous fait entrer, au plus près des combattants, au sein des batailles menée par l’armée romaine, sûrement l’une des plus entrainées de l’histoire de la guerre. Saisissant ! De très belles illustrations d’Edouard Groult.
• La guerre de Sécession, première guerre de masse. Comme dans le magazine « Guerres & Histoire », on a ici une magnifique collaboration entre un historien, la « data historique » et sa représentation infographique. Ici aussi, un usage bien innovant ! Par Vincent Bernard, notre spécialiste francophone de la guerre de Sécession et Jean-Marie Lagnel. Huit pages d’infographie pertinentes et de toute beauté !
• Bernard Grué, des camps du Viêt-minh au Sdece. J’ai toujours aimé ces témoignages d’anciens. L’équipe de Jean Lopez sait tirer le meilleur de souvenirs parfois encore bien vifs. On a ici ceux d’un jeune lieutenant de Légion étrangère, fait prisonnier sur la RC4 en 1950, libéré en 1954, après Dien Bien Phu, puis la guerre d’Algérie puis le renseignement. 16 pages de souvenirs poignants à suivre. Une interview menée par Jérôme Santelli, à l’Hôtel des Invalides.
• François 1er et Charles Quint, des novateurs jamais vainqueurs. Guillaume Frantzwa nous propose les destins croisés, et belliqueux, des deux grands souverains de l’Europe continentale de la Renaissance. C’est tumultueux !
• Somme 1916: le courage et l’incompétence. En 18 pages, Jean Lopez fait revivre cette offensive britannique si coûteuse. Le texte est soutenu par des clichés rares en grand format. Précis et poignant. Une pensée pour John Keegan et son « Anatomie de la bataille » qui fut une découverte décisive pour le lecteur que je suis…
• Le fantôme de Nelson. J’apprécie toujours beaucoup la profondeur d’analyse de Benoist Bihan et ce depuis les débuts de « Guerres & Histoire ». Il nous propose ici d’analyser l’impact du plus célèbre amiral britannique, Horatio Nelson, sur la recherche de la « bataille décisive » sur mer ! C’est passionnant de bout en bout !
• L’ultime campagne de la guerre de Cent Ans. On garde le souvenir des grandes défaites françaises mais David Fiasson nous narre, avec maîtrise et talent, la campagne en Aquitaine qui va mettre fin à la guerre de Cent-Ans. Ne restera plus ensuite que Calais comme possession anglaise sur le continent. Bien passionnant, ici aussi !
• Tsahal gagne-t-il toujours à la fin ? J’ai retrouvé, dans cet article, les idées poussées par Michel Goya dans son dernier ouvrage « L’embrasement. Comprendre les enjeux de la guerre Israël-Hamas« . Depuis 1973, Israël, armée de conscription qui doit réapprendre régulièrement se confronte à des adversaires arabes plus que déterminés et de mieux en mieux entrainés.
• Le bazar des munitions modernes. Un article, trop synthétique à mon goût, en 10 pages, sur l’évolution de l’armement depuis la seconde guerre mondiale: fusées, missiles, bombes guidées et drones. Par Patrick Mercillon. Ça mériterait d’être creusé.
• Le grand pillage du musée de l’Armée. Les nazis à la manoeuvre pour piller les collections du plus grand musée militaire français et le travail engagé après guerre pour reconstituer, autant que possible, les collections. Original et bien traité. Un article proposé par Christophe Pommier. Très belles illustrations.
• Les 16 gloires de la Royale. Fiches synthétiques de navires emblématiques de la marine de guerre française de Louis XIV au « Charles de Gaulle ». Par une équipe d’historiens sous la direction de Michel Aumont.
• Une guerre de seize ans en Afrique occidentale: Samori face aux Français. Saga peu connue de cet adversaire de la France et des opérations françaises dans ce qui deviendra l’A.O.F. Précis et bien illustré. Proposé par Vincent Joly.

Comme dans le magazine « Guerres & Histoire, nous avons droit à un dossier thématique consacré ici à l’armée russe: « La guerre russe. La misère et la gloire ». C’est intelligent, vu le contexte de la guerre en Ukraine, de remettre en perspective l’a dimension ‘histoire militaire de la Russie à travers son histoire et jusqu’à aujourd’hui. Et c’est mené de main de maître par Jean Lopez et Benoist Bihan. Je n’ai pas vu mieux depuis bien longtemps: Chapeau, Messieurs !

• Des tsars, des chefs et des généraux: de la Principauté moscovite jusqu’à la fin de l’armée impériale en 1917. Une synthèse lumineuse proposée par Jean Lopez.
• L’expérience soviétique: de 1917 à 1985. Passionnant également. Par Jean Lopez.
• Masse et violence: les caractéristiques de l’armée russe, au delà des mythes, les réalités. Toujours par Jean Lopez.
• L’art militaire russe, post-soviétique. Une plongée dans les forces et faiblesses contemporaines de l’armée russe. Avec le regard plus qu’aiguisé de Benoist Bihan. Très efficace, à lire absolument pour comprendre mieux ce que nous suivons actuellement en Ukraine.

Sincèrement, j’ai refermé ce numéro 4 de « De la guerre » en me disant: vivement le numéro 5 !

Indispensable pour tout possesseur d’une bibliothèque d’histoire militaire ! J’ai dit ! 😉

192 pages. Une collaboration des éditions Perrin avec le Ministère des Armées. Numéro de l’été 2024. Vous pouvez le trouver sur Amazon, par exemple.