Le problème des magazines, c’est généralement que les grandes questions d’histoire militaire ne peuvent être traitées raisonnablement dans un article de quelques pages.

Benoît Rondeau s’intéresse ici à une question majeure de la 2ème guerre mondiale et il a disposé de 80 pages pour la traiter dans ce numéro Thématique 35 de la revue 2e Guerre Mondiale.

Concernant l’auteur, il s’affirme de plus en plus comme l’un de nos spécialistes francophones de la période. Ses deux derniers ouvrages sont deux belles références:

Benoît Rondeau s’attaque donc ici à un sujet brûlant en ce 70e anniversaire de la bataille de Normandie: « Le III. Reich pouvait-il repousser les Alliés en Normandie ? »

Il va le faire en s’intéressant aux cinq point-clés qui sont pour lui:

  • Les 48 premières heures de l’invasion. On sait que Rommel voulait impérativement arrêter le débarquement sur les plages. Les divergences au sein du haut commandement allemand, les ruses du plan Fortitude, le placement des unités de réserve allemandes vont amener à des mouvements et à des contre-attaques trop timides pour empêcher la consolidation très rapide de la tête de pont.
  • L’impossible contre-attaque des panzers. Les divisions blindées et méchanisées allemandes représentaient le  « nec plus ultra » des unités militaires en 1944. Elles pouvaient faire basculer la bataille si elles étaient employées à bon escient. Au delà de leur placement initial et de leur engagement au compte-goutte, on notera l’incidence des plans alliés, les objectifs divergents (Caen et le Cotentin), l’impact de l’aviation alliée sur les déplacements et sur les approvisionnements allemands. Benoît Rondeau s’intéresse aussi à la structure même et à l’équipement de ces divisions.
  • Les renforts: trop peu, trop tard. La supériorité aérienne et navale alliée, le mulberry d’Arromanches et la prise rapide de Cherbourg vont permettre aux Alliés de déverser un flux continu de renforts et d’approvisionnements. Il n’en est pas de même du côté allemand: une mobilisation retardée des renforts, des difficultés de relève d’unités en ligne, une armée sous-motorisée et des chemins de fer détruits, des lignes de communication congestionnées et des unités de remplaçants faibles et insuffisantes.
  • Le haut commandement allemand et la bataille de Normandie. On pointe souvent du doigt les difficultés et divergences de vue du haut commandement allemand. Le poids des décisions et indécisions du Führer n’arrangèrent rien mais Benoit Rondeau  analyse aussi  le meilleur et le pire au niveau des chefs d’armée, de corps et de division.
  • L’artillerie, écueil majeur de la Wehrmacht en Normandie. Un matériel hétéroclite mais en nombre, des difficultés d’approvisionnement majeures, un adversaire très efficace en contre-batterie, attaques aériennes et artillerie navale.

Le texte est complété par une bibliographie commentée (ce qui n’est pas si courant), cinq cartes couleurs et par une iconographie abondante.

Au final, un numéro bien dense, bien mené et utile même quand on connaît déjà bien la bataille de Normandie.

2e Guerre Mondiale Thématique n°35, numéro de juillet-août-septembre 2014. Retrouvez le magazine sur Facebook.

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