2e guerre mondiale magazine #57

Une livraison n°57 intéressante du magazine consacré à l’histoire militaire de la seconde guerre mondiale.

Le dossier: Bastogne, un siège dans le brouillard. Il s’agit du dossier central du magazine. On pourrait croire le sujet de la bataille des Ardennes largement couvert mais l’auteur, Vincent Bernard, s’est concentré sur la bataille de Bastogne en se focalisant surtout sur le brouillard de guerre. Cette notion recouvre les choix, bons ou mauvais, pris par les belligérants en fonction des informations disponibles ou pas sur l’ennemi. C’est en cela que l’approche de Vincent Bernard est originale, il ne s’agit donc pas d’une simple restitution des faits historiques mais bien d’une approche plus « professionnelle » de la guerre dans un environnement imprécis, sous ou sur-estimé. Après cinq années de guerre, malgré l’expérience accumulée mais avec l’usure des troupes, on se rend particulièrement compte de la pusillanimité des Allemands face aux dangers pressentis de la puissance de l’artillerie américaine. Bref, une approche originale à renouveler !

Trois articles constituent ce dossier:

  • Nach Bastogne ! Le XLVII. Panzerkorps à l’offensive ! Le brouillard de guerre vu sous l’angle allemand.
  • Sauver Bastogne, un exemple de réactivité opérative et tactique américaine. L’angle de vue US.
  • Joyeux Noël et bons baisers de Bastogne: quelques témoignages US d’ « ambiance ».

Les autres articles:

  • L’Irak: un pays au bord du gouffre. D’un conflit à l’autre. Bonne synthèse en 2 pages de Stéphane Mantoux sur l’Irak autour de la seconde guerre mondiale. On y retrouve des oppositions que nous connaissons toujours entre tribus sunnites, Chiites et Kurdes. Rien de nouveau sous le soleil en 2014 !
  • Le bilan de l’action de la Résistance en France. A-t-elle « hâté la fin de la guerre » ? Franck Segrétain se penche sur les différentes formes d’actions de la Résistance française autour du Jour J. Il se concentre particulièrement sur l’échec des opérations de guérilla lourde et de libération anticipée de villes et villages qui furent trop souvent des échecs. Quant aux opérations de sabotage, elles furent plus efficaces. Enfin, on voit très bien les oppositions d’approche entre la France Libre à Londres et la volonté d’insurrection générale des mouvements communistes en France. Si la Résistance constitua bien une force utile pour la libération de la France, elle ne fut qu’un auxiliaire d’appoint aux efforts alliés.
  • L’empire britannique et ses armées: grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale ? C’est Benoit Rondeau qui nous propose, dans la rubrique « Ecrire l’histoire » de réfléchir à cette question. Il le fait au travers d’un article de quatre pages qui aurait mérité plus de place. Car en effet, après que la France ait flanché, l’autre grande puissance européenne va connaître maints désastres militaires avant de se redresser et de faire basculer la guerre dans son sens. Sans l’appui puis l’engagement américain, rien n’était possible et l’armée britannique va finir la guerre à la remorque de ses grands alliés. L’auteur se promène au travers d’une historiographie choisie pour nous démontrer le rôle réel de la Grande Bretagne dans le conflit mais aussi son déclin inéluctable comme puissance majeure. Un article bien intéressant.
  • La fiche personnage du mois est consacré à von Manteuffel. Deux pages c’est bien court. Par Benoit Rondeau.
  • A l’abordage de Brest, requiem pour une ville martyre. Brest était clairement un objectif de guerre important pour les Alliés dans leur quête désespérée de grands ports pour débarquer un flux d’approvisionnement important (voir à ce sujet, l’excellent « Les routes de la liberté » de Nicolas AUbin). Le problème est que Brest est au fin fond de la Bretagne et que cet objectif était divergent de la poussée de la 3rd Army de Patton vers l’intérieur de la France. C’est Vincent Bernard qui nous relate les opérations américaines et la résistance allemande jusqu’en septembre 1944.
  • L’aigle s’est envolé. Rubrique cinéma régulière du magazine. Par Stéphane Mantoux.
  • L’infanterie de l’Afrika Korps. Trop peu mais indispensable. Benoit Rondeau est bien l’un de nos spécialistes actuels de la guerre du Désert de 1941 à 1943 en Afrique du Nord (voir justement son « Afrika Korps, l’armée de Rommel » sorti chez Tallandier en 2013). Le but de l’article est de se concentrer sur la faiblesse chronique de l’infanterie allemande sur le théâtre d’opérations africain. Que ce soit pour les opérations offensives ou défensives, les unités d’infanterie allemandes, malgré leur qualité intrinsèque, ne seront jamais assez nombreuses. L’infanterie italienne, trop statique, ne permettra pas de compenser ce manque dans les moments clés. Benoit Rondeau reprend de manière chronologique l’arrivée des différents unités d’infanterie dans l’ordre de bataille allemand et leur impact dans les opérations de 1941 à 1943. Bien complet et intéressant.

Au final, un bon numéro de 2e Guerre Mondiale. On sent une volonté de la rédaction (Nicolas Pontic) et des auteurs de rechercher des angles de vue originaux qui vont au delà d’une simple restitution des faits historiques. Un travail à continuer pour notre plus grand plaisir de lecteur !

2e Guerre Mondiale n°57. Numéro de décembre 2014 & janvier 2015. Retrouvez le magazine sur Facebook.

 

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