De par son parcours d’officier puis de spécialiste du renseignement durant et après la guerre d’Indochine, Jean Deuve avait les compétences professionnelles pour nous proposer un tel ouvrage. Qui plus est, il nous a laissé nombre d’ouvrages dédiés aux activités de renseignement et ce jusqu’à son décès en 2008.
C’est d’ailleurs en 2008 que devait sortir l’édition originale de l’ouvrage qui fait l’objet de ce post, aux éditions du Nouveau Monde également.
Dans cet ouvrage, Jean Deuve nous propose le catalogue complet des opérations montées par les services de renseignement et le renseignement militaire pour tromper l’adversaire quant à ses intentions stratégiques et opérationnelles. Quant on connaît l’importance de la surprise à la guerre, on comprend l’ampleur et les trésors d’ingéniosité mis en œuvre par les belligérants au travers d’opérations de déception, de mystification, d’intoxication et de désinformation.
Tous les moyens sont bons: technologie, camouflage, renseignement humain, agents doubles, diplomatie, presse,… L’intérêt étant souvent de cumuler les sources et de multiplier les opérations.
A la lecture de l’ouvrage de Jean Deuve, il apparaît que les Britanniques furent les grands maîtres de la discipline. L’ouvrage est exhaustif mais les opérations alliées en Méditerranée et à l’Ouest constituent l’essentiel de l’ouvrage. Le volet consacré au Japon est quand même très léger.
De par la nature des opérations couvertes longtemps par le « secret défense », on constatera que l’essentiel des sources de Jean Deuve sont des témoignages d’acteurs ou des sources secondaires. Il est également délicat d’essayer de tirer un résultat concret pour chaque opération lancée. Jean Deuve s’y essaie cependant dans la plupart des cas.
Certains chapitres sont redondants mais le tout se laisse lire avec beaucoup de plaisir. En refermant cet ouvrage, il est bien clair que la ruse fait partie intégrante de l’art de la guerre !
Vivement recommandé !
Pour en savoir plus sur la carrière de Jean Deuve, je vous conseille la biographie que lui a consacré Christophe Carichon en 2012.
Aux éditions Nouveau Monde en livre de poche en 2013. 332 pages. Avec une préface d’Eric Dénécé.
