Un essai bien trop conceptuel…


J’avais lu une critique intéressante de cet ouvrage quand il avait gagné le premier Prix de la Fondation Saint-Cyr. Il avait rejoint une pile de lecture trop longue, évidemment !

Récemment, j’étais à la recherche d’un petit format sur le sujet à lire rapidement et j’ai ressorti cet ouvrage de Rumu Sarkar édité en 2008 aux éditions CLD. En effet, son volume est de 116 pages.

Son sujet: le développement du terrorisme et de la riposte des pays occidentaux sous la forme de guerre asymétrique.

Bon, le résultat de ma lecture est plutôt mitigé.

Un incontestable plus est évidemment l’effort de conceptualisation réalisé par l’auteur. Sa démarche intellectuelle rigoureuse lui permet de catégoriser la menace, essentiellement islamiste, en deux parties: les mouvements séparatistes et le terrorisme global. Ça tient la route et s’appuyer sur les sciences humaines pour le faire est peu fréquent.

Par contre, la démonstration pêche plus dans l’analyse et les propositions concernant la réaction à ce type de terreur comme moyen d’action politique ou idéologique. Le balayage des solutions à apporter a du sens: miltaires, politico-diplomatiques, économiques et culturelles. C’est dans les propositions qu’on enfonce les portes ouvertes… par d’autres comme, par exemple, Lyautey il y a bien longtemps ou qu’on arrive à des théories absconses comme le concept du « nouveau soldat ».

Sur ce dernier point, l’auteur ne va pas vraiment au fond des choses, par manque de travail ou par manque de compétences. Elle le reconnait d’ailleurs bien volontiers dans le passage suivant: « Sans nul doute, nombreux sont ceux qui trouveront cet argument désespérément naïf. De plus, comme je ne saurais étayer cet argument par des preuves empiriques selon lesquelles l’adoption de cette approche pourra effectivement contribuer à résoudre ou à supprimer la symétrie de la peur, je reconnais qu’il n’est pas impossible qu’il manque de pertinence pratique ». On ne saurait mieux dire….

Cette théorie du « nouveau soldat » n’est pas fondamentalement stupide. Pour ma part, je pense plutôt qu’il y a nécessité de déployer différentes types de troupes pour des missions différentes. Durant la guerre d’Algérie, l’armée français avaient des troupes de secteur, des troupes d’intervention et les SAS (sections administratives spécialisées) en charge de ce que nous appelons aujourd’hui les affaires civilo-militaires. Rien de nouveau sous le soleil à mon sens.

Donc un exercice intellectuel vivifiant, un langage souvent abscons pour moi et des solutions insuffisamment travaillées ou pour le moins confrontées à la réalité.
Bref, une démarche intéressante mais qui nécessitait sans doute une plus grande confrontation avec les professionnels de la guerre.

Sur ces sujets, lisez et relisez encore Gérard Chaliand ou Michel Goya (Irak, les armées du chaos et son récent Res Militaris) !


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