Définitivement trop facile, ce Vuillard !

Je m’étais quand même juré de ne pas racheter un ouvrage de cet auteur ! Il a fallu que mon assureur, passionné de littérature et connaissant mon goût pour l’Histoire, m’en fasse un portrait positif pour que je me laisse attraper ! En plus, cet ouvrage-ci concerne la guerre d’Indochine qui reste l’un de mes sujets de prédilection !

Et bien comme d’habitude, Vuillard fait du Vuillard ! Parce que j’ai l’habitude désormais ! 😉

La technique est toujours la même: je prends des faits historiques et je les éclaire d’une mission « critique du capitalisme » en mettant en scène des entreprises et leurs conseils d’administration. Des personnages sont choisis et l’auteur les met en situation, d’une manière narrative jusque dans leur intimité, pour discréditer les mobiles qui les animent. Il est écrivain, il n’est pas tenu à l’exacte vérité, n ‘est-ce pas ? C’est là, la ruse, on part de l’Histoire et on brode un « récit historique ». Subtil et ça se répète à chaque ouvrage.

En général, les lecteurs sont dithyrambiques car en un petit volume (format et nombre de pages), ils ont l’impression d’avoir percé les mystères de la prise de pouvoir des nazis, de la colonisation du Congo ou de la chute de l’Empire colonial français ! Le tour est joué, la belle affaire ! 🙂

Ici, c’est la guerre d’Indochine et réduire, par exemple, les garnisons de la RC4 à des mobiles économiques, c’est se planter sacrément en oubliant la proximité de la Chine communiste, base arrière et fournisseur patenté du Vietminh. Pas terrible… Quant au capitalisme français en Indochine, c’est faire l’impasse sur l’analyse de Jacques Marseille dans son ouvrage fondateur: « Empire colonial et capitalisme français: histoire d’un divorce ». Mais ça, Vuillard l’ignore complètement !

Alors quand l’auteur se lance, dans ses diatribes, sur le sperme de De Castries et sur le « pot de chambre » de Dien Bien Phu, là on tombe dans le sordide que j’avais déjà perçu dans « Congo ».

Au final, ça m’inspire une réflexion sur la méthode systématique de l’auteur et sur le business de son éditeur, Actes Sud. En fait, ils exploitent une veine toujours identique, en « bons capitalistes » de l’édition car Actes Sud est une SA à directoire, comme les entreprises tant décriées par l’auteur ! Eric Vuillard et son éditeur gèrent donc leur « petite entreprise », avec bonheur depuis un certain nombre d’années en plus. Même fonds de commerce, même format de petite taille à prix élevé, même alibi historique pour nous délivrer la même idéologie sous l’appellation de « récit historique » !

Comment gâcher un talent ! C’est dommage car le bougre a une bonne plume !

Allez, je parie qu’il va nous sortir prochainement un bouquin (18,6 cm x 9,9 cm et moins de 200 pages) sur la guerre d’Algérie. C’est de saison ! 🙂

L’honorable sortie. Eric Vuillard. Aux éditions Actes Sud. 200 pages en petit format, 18,90€ ! Sans cahier photos, sans notes, sans références, sans bibliographie. J’ai dit que c’était facile ! 😉

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