Je n’avais jamais lu un ouvrage de Jean Quellien avant celui-ci. En dehors du 70ème anniversaire, cet ouvrage m’a intéressé car l’auteur a décidé de se concentrer sur les douze semaines de combat que se livrèrent Alliés et Allemands en terre normande. Trop  souvent, en France, on passe directement du 6 juin 1944 à la libération de Paris en août oubliant quelque peu le déchainement intense de la guerre durant près de trois mois.

L’ouvrage se compose de quatre grandes parties:

  • Clés pour une bataille: moyens humains et matériels (terre, air et mer), commandement et doctrine, importance de la logistique
  • Juin, consolidation et extension de la tête de pont: du débarquement du 1er jour à l’attente des contre-attaques allemandes puis à l’extension de la tête de pont vers Caen et vers le Cotentin
  • Juillet: le mois le plus noir pour les Alliés. En effet, les Britaniques et leurs Alliés vont s’enferrer dans des opérations sans succès vers Caen qui vont cependant permettre de fixer le gros des forces blindées allemandes. Quant aux Américains, ils vont réellement découvrir un terrain de combat terriblement meurtrier et qui leur est totalement étranger: le bocage normand.
  • La percée et la victoire: les Alliés continuant à se renforcer, le rideau défensif allemand, lui, ne fit que s’atrophier. Le succès de l’opération Cobra va faire basculer la bataille statique en une percée majeure que rien ne pourra arrêter jusqu’aux frontières du Reich.

Au delà des aspects stratégiques et opérationnels bien couverts par l’auteur, on appréciera son approche « au raz du terrain » à la « John Keegan »visant à nous faire partager le vécu des combattants des deux camps mais aussi des civils. Sur ces derniers, Jean Quellien s’étend particulièrement pour nous rappeler que la région normande fut particulièrement touchée par la seconde guerre mondiale (20.000 morts et des destructions massives largement du fait des Alliés d’ailleurs).

Sont également bien mis en avant l’efficacité tactique de la défense allemande, les problèmes de coordination inter-armes alliés et les divergences entre Britanniques et Américains, les mois avançant. Le rôle du support allié (artillerie, artillerie de marine, aviation tactique et carpet bombing) est aussi bien décortiqué.

Le tout est rédigé dans un style d’écriture bien agréable.

Sept cartes viennent soutenir un texte dense de 416 pages mais c’est trop peu, à mon sens,  vu le détail des opérations présentées. Pour le reste, on bénéficiera de notes nombreuses, d’un index des personnes et des noms de lieux ainsi que d’une bibliographie accessible car principalement francophone.

La bataille de Normandie (6 juin – 25 août 1944). 80 jours en enfer. Jean Quellien. Mai 2014 aux éditions Tallandier.

 



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