L’auteur, disparu en 1977, se destinait à la philosophie. En 1941, il se retrouva, comme des millions d’Américains, engagé dans l’un des plus grands conflits de l’histoire de l’humanité. De ses notes et carnets personnels, redevenu philosophe après guerre, il nous livra dès 1959 cet ouvrage original mais parfois difficile sur les hommes à la guerre.

Ouvrage original car il constitue une approche à la fois philosophique, psychologique et parfois psychanalytique du sujet. Difficile pour les mêmes raisons d’ailleurs. Il ne s’agit clairement pas d’un ouvrage de souvenirs de guerre.

Jesse Glenn Gray s’intéresse de manière précise aux sujets philosophiques essentiels de l’homme en guerre: le souvenir et l’oubli, l’attrait du combat, l’amour, évidemment la mort, l’ennemi et sa représentation, la culpabilité. Sa conclusion est une réflexion sur l’avenir de la guerre sans doute moins basée sur son expérience personnelle que sur son expérience philosophique. Nous sommes en 1959, en pleine guerre froide.

Au delà d’un texte assez difficile pour les lecteurs habitués aux souvenirs de guerre, ce qui m’a le plus gêné dans cet ouvrage c’est qu’il fut souvent présenté comme un ouvrage essentiel sur la guerre. Or l’expérience de Jesse Glenn Gray, si elle est réelle, est celle d’un officier de renseignement et non celle d’un officier combattant en première ligne. Ce n’est quand même pas le même prisme. Je serais curieux de voir si l’approche philosophique aurait été la même chez un sous-lieutenant de l’US Marine Corps ou chez un capitaine combattant de l’US Army.

Bref, un ouvrage à posséder si, comme moi, vous vous intéressez à la guerre. Par contre, si vous recherchez un ouvrage plus facile d’accès, je vous recommande plutôt le magnifique « A propos de courage » de Tim O’Brien. Je pense d’ailleurs que la lecture récente de ce dernier ne m’a pas permis d’apprécier à sa juste valeur l’ouvrage de Jesse Glenn Gray. Il me fallait le dire !

A noter la présence de la préface de l’édition de 1967 signée par Hannah Arendt. Entre philosophes… 😉

Au combat, réflexions sur les hommes à la guerre de Jesse Glenn Gray aux éditions Tallandier en 2012.

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