Chronique d’une non-victoire annoncée.

C’est le sous-titre que l’enseignant-chercheur de l’I.E.P. d’Aix-en-Provence, Jean-Charles Jauffret, a choisi pour cet ouvrage consacré à dix années de guerre au pays de l’Insolence comme est souvent appelé l’Afghanistan.

Consécutive des attentats du 11 septembre 2001, la guerre en Afghanistan s’éternise. Après avoir mis fin au pouvoir des talibans, dès 2002, mais sans avoir capturé ni Oussama ben Laden ni le mollah Omar, les américains ont largement diminué leur dispositif afghan, occupés par la guerre en Irak lancée en 2003. Il va s’en suivre une période durant laquelle, à partir des zone tribales du Pakistan, les talibans pachtounes vont se reconstituer et alimenter une guérilla faite d’IED, d’embuscades et d’attentats suicides.

Où en sommes nous en 2010 ? Malgré un engagement de près de 10 années, la situation reste difficile: des pertes désormais quotidiennes, des populations ballotées, un pouvoir afghan corrompu, une armée et une police afghane qui peinent à prendre la main,… Si la défaite n’est pas au rendez-vous, la victoire n’est pas là non plus… D’où le titre de l’ouvrage de Jean CharlesJauffret: « chronique d’une non-victoire annoncée ».

Au hasard de mes lectures, j’avais déjà croisé cet auteur qui m’a semblé compétent en ce qui concerne la guerre d’Algérie, même si je ne partageais pas tous ses points de vue. J’ai, dans ma bibliothèque: « Soldats en Algérie 1954-1962 » aux éditions Autrement (2000) et « Militaires et guérilla dans la guerre d’Algérie », ouvrage qu’il a co-dirigé avec Maurice Vaïsse aux éditions Complexe  (2001).. La guerre d’Algérie étant une guerre asymétrique comme la guerre d’Afghanistan, nul doute que son expertise historique peut aider dans la rédaction d’un ouvrage comme Afghanistan 2001-2010…

La présentation de l’ouvrage est classique:

  • Au pays de l’insolence
  • Un adversaire polymorphe
  • Les difficultés de la coalition
  • La radicalisation de la guerre en « Afpak »
  • Soldats français en première ligne
  • Quels moyens pour ne pas perdre ?
  • Conclusion: retrait ou sécurité collective ?

Donc un ouvrage bien complet qui fait un large appel à des ouvrages de référence, des témoignages directs, des reportages de la presse écrite ou télévisuelle. Les parallèles avec la guerre d’Algérie sont souvent bien intéressants.

M’ont dérangé parfois la mise en avant des travaux de thèses universitaires dont l’auteur est le patron, des propos polémiques parfois sur les intentions ou les actions du gouvernement français actuel, mais c’est mineur.

Globalement un ouvrage qui s’impose à lire en complément de celui de Jean-Dominique Merchet: Mourir pour l’Afghanistan commenté précédemment.
Afghanistan 2001-2010 par Jean-Charles Jauffret aux éditions Autrement (2010).


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