Le contexte actuel en République centrafricaine m’a fait ressortir cet ouvrage de Roger Delpey paru en 1985. Il y a donc près de trente ans.

La deuxième raison qui m’a amené à le lire est l’auteur de l’ouvrage qui avait connu un gros succès d’édition avec « Soldats de la boue« , fruit de son expérience militaire de la guerre d’Indochine et de son travail de correspondant de guerre.

Qui plus est, Roger Delpey fut peut-être l’un des personnalités impliquées dans les fuites autour de l’affaire des diamants de Bokassa dont il semblait par ailleurs être proche.

Donc, dans ce contexte, c’est plus dans une approche « lecture d’ambiance » que j’ai lu cet ouvrage sur ce pays d’Afrique que je ne connais pas personnellement mais dont j’ai toujours entendu parlé par des amis africains ou par des anciens militaires ou coopérants.

L’ouvrage dénonce bien des personnages et des vicissitudes de l »ère Kolingba » (1981 à 1993): corruptions, concussions, prévarications, chantages, abus en tous genres, arrestations arbitraires et j’en passe. Il y a des moments particulièrement comiques tant certaines situations étaient absurdes. Delpey dénonce également l’attitude du pouvoir à Paris, de la diplomatie du Quai d’Orsay et des militaires engagés en RCA. Trente ans après, on a quand même l’impression de n’avoir guère avancé en Centrafrique*. Si le fait ethnique apparait régulièrement, le fait religieux est moins présent que dans la situation conflictuelle actuelle. C’est à noter.
Sur le style, il est alerte. Il s’agit d’un travail journalistique à la manière des enquêtes de Pierre Péan, sans la profondeur et sans sources documentées.

L’époque Bokassa n’est pas traitée et l’ouvrage se veut aussi une lettre ouverte au Président Mitterand, successeur d’un Valéry Giscard D’Estaing, « ennemi intime » de l’auteur suite à l’affaire des diamants.

A noter que le sous-titre: « Quand la Centrafrique bougera, l’Afrique explosera… » n’est démontré à aucun moment…

Roger Delpey est décédé en 2007.

Aux éditions Jacques Grancher en 1985. 248 pages, avec deux cartes hors texte.

 

* Quand on sait que le fils de Kolingba s’est présenté en janvier 2014, pour l’élection à la Présidence de la République, on peut légitimement s’interroger sur l’état actuel de la classe politique en RCA.



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