a-travers-les-murs-weizmanLa tactique du passe-muraille ?

J’ai eu l’œil attiré sur cet ouvrage suite à la recommandation de Laurent Henninger dans un numéro récent de Vae Victis. Bien m’en a pris.

Weizman est un architecte israélien qui s’est penché sur les opérations militaires de Tsahal en zone urbaine.

Son angle de vue (de tir) est bien particulier: il réfléchit en termes d’architecture, de sociologie et de philosophie. Son travail s’est principalement porté sur la doctrine sortie de l’OTRI – centre de réflexion/recherche opérationnelle dissous en 2006. L’approche est intéressante et on sent la critique systématique quant à la politique de Tsahal face aux territoires palestiniens.

L’approche est réellement innovante mais les conclusions sont, pour ma part, évidentes: pour une armée moderne, la guerre urbaine est une guerre difficile où la recherche des couverts amène une logique de déstructuration urbaine importante.

Rappelons nous que les Russes ont rasé Grozny pour se débarrasser des guérillas urbaines tchétchènes… Tsahal, pour sa part, a développé un mode de progression intramuros efficace: on passe par les murs, les planchers et les plafonds, on évite les espaces dégagés et les portes et fenêtres et on progresse en essaims sans direction précise, tous azimuts pour perturber la défense. Effectivement, les civils ne sont guère pris en compte dans cette approche…

L’auteur a l’intelligence – quoique tardivement dans l’ouvrage – de rappeler que ces concepts de guerre urbaine sont anciens: Bugeaud au 19ème siècle, Stalingrad, guerre d’Algérie. Il aurait pu aller encore plus loin, il y a de vrais exemples comme Jérusalem en 70 ap JC (Rome contre les Juifs…) et le siège de Saragosse en 1809.

La guerre en zone urbaine est sûrement la plus impitoyable qui soit et les pertes civiles collatérales importantes. Le développement massif des zones urbaines au 20ème siècle explique la part croissante prise par les opérations urbaines dans les plans opérationnels des armées.

J’ai apprécié l’approche réellement novatrice de l’auteur mais pour ma part je considère que la réflexion et l’expérience militaire sont déjà bien fécondes sur le sujet sans nécessairement s’appuyer trop lourdement sur des théories relevant de disciplines bien trop lointaines du champ de bataille.


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