Ah, Horatio Nelson, cet amiral anglais ! Aussi vif sur les mers que Napoléon Bonaparte pouvait l’être sur la terre !
Leurs destinées se sont croisées plusieurs fois: au siège de Toulon, à la descente en Egypte mais aussi au retour…
En fait, leur rencontre la plus importante fut celle du vice-amiral britannique incontesté et de l’Empereur au faîte de sa puissance: Trafalgar en octobre 1805. Le premier y trouva la mort, le second, absent du désastre français, allait décider de mettre fin définitivement au projet de descente en Angleterre. Cela allait finalement mener à sa plus célèbre bataille, après une course à travers toute l’Europe moins de deux mois plus tard: Austerlitz !
L’amiral Horatio Nelson fut sans aucun doute l’un des héros les plus importants de l’histoire britannique; adulé par tout un peuple, son parcours reste exceptionnel dans l’histoire de la Royal Navy.
C’est Georges Fleury qui s’est intéressé, en 2004, à ce personnage d’exception qui connaît finalement peu de biographes en langue française.
J’ai plus d’une fois croiser la route de cet auteur, né en 1939, passé par les commandos marine et qui nous a délivré un bon nombre d’ouvrages consacrés aux guerres d’Indochine et d’Algérie depuis 1973 au travers de récits de guerre principalement. Mine de rien, il a près de 50 livres au compteur désormais.
L’art de la bibliographie est sûrement pour moi l’un des plus difficile de l’écriture historique: il faut à la fois situer le personnage dans son contexte historique, s’appuyer aux meilleures sources et rendre la dimension humaine du personnage étudiée la plus présente possible. Beaucoup s’y essaient, bien peu réussissent ! Au final, je pense que c’est ce que je préfère en termes de littérature historique !
Comment s’en sort donc Georges Fleury ?
Tout d’abord, je pense sincèrement que son style s’est sacrément affiné avec le temps. Plus précis, bien maîtrisé, son « Nelson » est particulièrement vivant, le rythme du récit est certain. Sur ce plan là, sincèrement, vous passerez un bon moment de lecture.
Pour ce qui est des sources, là clairement, vous aurez bien peu d’information: pas de notes, pas d’hypothèses avancées et une bibliographie réduite à 10 ouvrages, c’est vraiment trop faible pour une biographie. L’auteur s’est totalement coupé de ses devanciers historiens pour produire cette biographie, ce qui la rend bien peu orthodoxe ! Franchement pas un travail d’historien selon moi. Au niveau de l’éditeur, Flammarion, je reproche clairement une absente totale de cartes toujours utiles pour évoquer des croisières à travers les mers et océans ainsi que des batailles navales: difficile de suivre à Aboukir comme à Trafalgar !
Au final, j’ai passé un beau moment de lecture sur cet ouvrage, ce qui est le principal dans cette première approche de l’amiral. Mais je vais devoir aller vers d’autres auteurs pour avoir une vision plus académique. A noter aussi, dans l’ouvrage de Georges Fleury, une aisance certaine dans la maîtrise et les termes de la navigation à voile mais aussi une fin trop abrupte: couverture limitée et très partielle de la bataille de Trafalgar, le manque d’information sur le devenir des personnages clés dans l’entourage de Nelson: son épouse Fanny, sa maîtresse Lady Emma Hamilton, ses lieutenants,… L’impact de sa mort au Royaume-Uni et son rôle dans la Royal Navy de son temps mais aussi postérieurement auraient tout aussi bien mérité des chapitres complémentaires.
Nelson. Une biographie par Georges Fleury. 450 pages aux éditions Flammarion dans la collection: « Grandes biographies » en 2004.