Un opus très intéressant de la collection « Mystères de guerre » dirigée par Jean Lopez aux éditions Economica.
Il s’agit d’un opus à « thèse » (il y en a qui aiment ça ! 😉 ): quel rôle a joué l’état belge dans la défaite française de mai-juin 1940 ?
L’idée de départ de l’auteur est d’analyser les décisions belges dans l’entre-deux-guerres. Pour résumer, après la 1ère guerre mondiale et jusqu’en 1936, la Belgique, envahie dès 1914, est un allié fidèle de la France. En conséquence, les plans alliés prévoient une défense de l’avant des Belges de la position fortifiée de Liège jusqu’à la frontière franco-luxembougeoise dans les Ardennes. En cas d’attaque allemande, le corps de bataille français se serait projeté directement en Belgique, prolongeant la Ligne Maginot. On aurait pu aussi imaginer une offensive belgo-française au moment de l’invasion de la Pologne…
Mais en 1936, le roi des Belges et son gouvernement vont adopter une « stratégie » de stricte neutralité entre Français et Allemands et ce jusqu’à l’invasion allemande de mai 1940…
En conséquence, les plans français deviennent caduques; la Belgique, quant à elle, décide d’abandonner la défense de l’avant et vise à se retirer rapidement sur une ligne au centre du pays protégeant Bruxelles et la Flandre. Ce faisant, les plans prévoient un retrait rapide des troupes devenues de couverture de Liège aux Ardennes…
Les Français se retrouvent alors « en l’air », sans « Ligne Maginot » qui ne va guère plus loin que le Luxembourg sur son flanc gauche, sans possibilité de déploiement préventif en Belgique. En conséquence, le corps de bataille se retrouve en attente défensive derrière la Ligne Maginot ou devant la frontière belge.
Evidemment, l’état-major français va établir le « plan Dyle-Bréda » en 1939 prévoyant la manoeuvre d’enveloppement allemande par la Belgique mais ce faisant la bataille prévue devient une bataille de rencontre et il est clair que les Français vont complètement minorer la possibilité d’un coup décisif à travers les Ardennes belges…
Au final, Jean-Cclaude Delhez fait porter la responsabilté première à Hitler et à la qualité du plan Manstein mais aussi à la décision belge de 1936 d’adopter un plan stratégique de « stricte neutralité » quelque peu illogique quand on le replace dans la situation internationale de l’Europe de l’époque. Enfin, les Français en prennent aussi pour leur grade, incapables de détecter la manoeuvre allemande et de se rétablir face à la vitesse de la blitzkrieg mise en oeuvre.
La thèse est bien démontrée, dans un récit enlevé et qui fait réfléchir. Il faut rappeler que Jean-Claude Delhez est un spécialiste des combats sur la frontière franco-belge que ce soit en 1914-1918 ou en 1939-1945. Son intérêt pour la politique intérieure belge est également bien utile pour son analyse.
Au final donc, un bon opus dans cette collection « Mystères de la guerre » qui vise au remue-méninges des lecteurs ! 😉
Un ouvrage édité par les éditions Economica en novembre 2015. 96 pages, 1 carte dans le texte et une orientation bibliographie commentée.