C’est l’objet du hors-série n°15 du magazine Batailles & blindés sorti récemment.
Un numéro de 114 pages dédié à cet initiateur de la « Blitzkrieg » allemande durant la seconde guerre mondiale. C’est Hughes Wenkin, auteur régulier de la revue, qui s’est penché sur l’histoire et les concepts du théoricien et praticien de la guerre moderne que fut le général Guderian.
Le format des hors-séries permet à l’auteur un bon travail sur son sujet. Ce n’est certes pas une biographie classique en 400-500 pages mais il s’en tire vraiment bien, l’iconographie associée en plus évidemment.
La structure du magazine est bien équilibrée:
- parcours initiatique d’un « panzer general »: sa formation au combat dans le creuset de la 1ère guerre mondiale l’avait évidemment marqué. Son passage dans corps francs et son accès à la Reichwehr l’amenèrent à des fonctions que j’ignorais dans les communications et dans … le transport des unités combattantes. C’est ensuite seulement qu’il s’intéressera aux blindés pour en construire la théorie puis la pratique… avec le succès que l’on sait…
- Mentors & influences: Hughes Wenkin rappelle le rôle clé d’officiers supérieurs comme von Seeckt ou Lutz dans la genèse des théories de Guderian. Le rôle des théoriciens étrangers comme Fuller, Liddell Hart, Martel, Swinton et… de Gaulle n’est pas oublié également. Mention spéciale évidemment à Fuller en Grande Bretagne.
- Panzer & tactique: dans cette partie, l’auteur nous donne, par le détail, les clés de la guerre moderne pensée par Guderian dans laquelle blindées, aviation, reconnaissance et anti-chars s’associent dans un combat de rupture et d’exploitation fluide. L’importance de la radio et de la position avancée du commandement sont bien mis en valeur.
- Guderian en eaux troubles: les rapports entre l’officier et le régime nazi sont décortiqués par Hughes Wenkin.
- Entretien avec un generaloberst: cet article reprend des extraits de l’interrogatoire de Guderian le 16 août 1945 par le service historique de l’Armée américaine. Entretien à chaud assez direct de l’officier supérieur.
- Guderian, chef de guerre: ici on entre dans une partie consacrée à la mise en œuvre par Guderian de ses théories suivant les thèmes: appliquer ses propres règles, être consciemment compétent, défendre son point de vue avec obstination, penser en trois dimensions, se rebeller quand il faut, avancer et laisser l’infanterie réduire les poches de résistance, une éthique guerrière, être solidaire de ses hommes, un chef de guerre incompris
- A la tête de l’inspection des troupes blindées: après sa disgrâce et 14 mois d’inactivité, Guderian est rappelé par Hitler pour réorganiser les troupes blindées du Reich. Un commandement qui ne lui permettra pas d’influer sur les décisions stratégiques et industrielles prises mais qui permettra d’influencer une réforme en profondeur de l’arme blindée allemande.
- L’héritage de Guderian: une conclusion sur l’influence de Guderian sur la guerre moderne depuis la seconde guerre mondiale en particulier en ce qui concerne la doctrine israélienne et celle de l’OTAN.
A noter que l’ouvrage s’appuie régulièrement sur de larges extraits des deux ouvrages de Guderian:
- Achtung Panzer paru initialement en 1937 maintes fois ré-édité… en anglais…
- Souvenir d’un soldat, ses mémoires parues en 1954 chez Plon pour l’édition française.
Ils sont toux deux dans ma bibliothèque, il faudra que je les commente à l’occasion…
Enfin, comme d’habitude, on appréciera l’abondante iconographie, les superbes profils réalisés par M Filipiuk ainsi que la bibliographie. Seul bémol, les cartes qui restent assez imprécises.
Bref un excellent hors-série de Batailles & Blindés à se procurer dans les maisons de la presse ou chez l’éditeur, les éditions Caraktères.
Merci de ce résumé !
On ne peut s’empêcher, néanmoins, d’y voir un pur exemple du « mythe du front de l’est ». Je n’ai pas le journal sous la main, mais si je me base seulement sur le résumé que tu en fais, je vois:
+ un texte à la gloire de papa Guderian, comment il devient général, ses batailles, ses victoires…
+ pas de vrai discussion sur ses idées opérationnelles quand elles différaient de celles de l’OKW. En particulier, la thèse moderne est que, quad Guderian veut avancer vers Moscou après Smolensk en 41, il a tout faux. On peut aussi se demander si ses idées en 44-45 sont pertinentes.
+ l’article sur la période « inspecteur des panzers » ne semble pas se poser la question des « ouvriers » en pyjamas rayés dans les sites de production que Guderian allait visiter
+ « Guderian en eaux troubles »: peut-être qu’on rappelle ici que Guderian était considéré comme un des généraux les plus nazis du régime. Ce n’est pas pour rien qu’il prend la tête de l’OKW le 21 Juillet 44, le lendemain de l’attentat contre Hitler. Et qu’il dirige le tribunal militaire chargé de purger l’armée…
+ enfin, petit détail, l’influence de Lidell Hart sur Guderian est un mythe construit après-guerre (c’est Lidell-Hart qui demande à Guderian d’avoir la gentillesse de le mentionner dans l’introduction de Panzer Leader…). Et celle de de Gaulle n’existe – évidemment – que dans l’imagination des français…
+
@le lecteur 😉 (tu devrais écrire sous un pseudo ou sous ton nom, c’est plus efficace, on échange là dessus si tu veux)
Assez d’accord avec toi, je rappelle que le texte est pas mal basé sur les écrits de Heinz Guderian. Personne ne sort indemne de cette période. Guderain a été un acteur du régime nazi même si ses prises de position vis à vis de Hitler et de l’OKW lui valurent bien des « soucis » avec le régime. Pour ce qui est de Liddell Hart, le fait est bien mentioné par Hughes Wenkin. Pour De Gaulle, ce n’est pas un fait saillant non plus. Globalement, le magazine est assez équilibré et évidemment bien illustré et constitue une bonne introduction à ce personnage important de l’histoire militaire.
@+
JLuc
Merci des commentaires, qui modèrent l’impression qu’on a en lisant ton rapide compte-rendu. (J’avoue que la couverture du magazine est aussi « toute à la gloire de »…).
Côté pseudo, je suis sûr que tu connais mes autres alias 🙂
@Le lecteur: c’est le but des commentaires. Pour Guderian, je continue à penser que ce personnage joue un rôle non négligeable dans l’histoire de la guerre. Concernant ton pseudo, je pense qu’il faut trouver quelque chose pour améliorer le référencement de ton EXCELLENT blog sur Google: « un lecteur » ne t’y aide pas ! @+ jluc
Voyons, ou bien je mets des lunettes rouges, ou bien je prends un pseudo qui fait grec (eolas?) 🙂
Je vais y réfléchir, car ton point est pertinent.