Tout d’abord, introduisons cette nouvelle collection « Mystères de la guerre » chez l’éditeur Economica.
Elle est dirigée par Jean Lopez, auteur de quatre excellentes relations de la 2ème guerre mondiale sur le front de l’Est (Stalingrad, Koursk, Berlin et Korsun Tcherkassy) toutes publiées chez Economica. Rappelons également que Jean Lopez est le rédacteur en chef de la revue « Guerres & Histoire » des éditions Mondadori.
La baseline de cette nouvelle édition est « énigmes – controverses – uchronies ». On retrouve bien là une approche qui a fait le succès du magazine « Guerres & Histoire ». Pour reprendre le discours officiel, la collection « rouvre l’enquête sur les points obscurs et controversés de l’histoire militaire au sens le plus large. Elle entend déblayer les mythes et légendes qui l’encombrent, parfois depuis des siècles, et présenter l’état de la question en puisant aux meilleures sources. » Le cadre est donc posé.
Visiblement, un premier opus set déjà sorti au titre évocateur: « Pourquoi Hitler n’a pas eu la bombe atomique ».
Celui que je viens de terminer est signé de Jean-Claude Delhez et est consacré, je cite, aux « Douze mythes de l’année 1914 ».
Jean-Claude Delhez est un auteur belge qui, sans être historien de métier, se consacre depuis de nombreuses années à la recherche sur la première guerre mondiale.
Il est l’auteur d’une somme importante, que je n’ai toujours pas encore eue entre les mains, « Le jour de deuil de l’armée française », plus de 1.300 pages consacrées à la bataille des frontières en août 1914. Une synthèse de cet ouvrage vient de paraître, toujours aux éditions Economica, sous le titre « La bataille des frontières« . Je viens de le terminer et je l’ai trouvé bien intéressant.
Pour en revenir à l’ouvrage du jour « Douze mythes de l’année 1914 », je l’ai trouvé particulièrement intéressant. Jean-Claude Delhez ouvre un certain nombre de dossiers dont on croyait l’étude et les conclusions entendues; à savoir:
- les pantalons rouges
- l’altérité franco-allemande
- les forts de Liège
- l’offensive à outrance
- baïonnettes contre mitrailleuses
- Joffre: le pestiféré
- La bataille inconnue consacrée justement à la bataille des frontières
- la domination des obusiers allemands
- les taxis de la Marne
- Mourir en masses
- Albert 1er: le roi chevalier
- Les tranchées
- Une Histoire qui reste à écrire
- La perspectives européenne
Chaque thème est présenté en moins d’une dizaine de pages avec une présentation du mythe et la réalité associée selon l’auteur.
Les deux derniers thèmes sont surtout utiles en termes de réflexions sur la méthode historique conseillée dans la mesure où le centenaire de la guerre de 14-18 arrive.
A noter que Jean-Claude Delhez n’hésite pas à tailler des croupières à ses devanciers historiens.
En sus, il le fait d’assez belle manière avec un style d’écriture plutôt vivant.
Franchement une lecture vivifiante et conseillée. Sans nul doute, on retrouvera l’auteur dans les colonnes de « Guerres & Histoire »… 😉
A noter une orientation bibliographique portant essentiellement sur les thèmes non étudiés dans ses autres ouvrages parus jusqu’ici. Sont couverts: Liège, Albert 1er et les taxis de la Marne.
Douze mythes de l’année 1914. De Jean-Claude Delhez. Aux éditions Economica en 2013. 142 pages.
La « démythification » est aujourd’hui prodigieusement à la mode dans les publications historiques (tout comme les entreprises de « réhabilitation » d’ailleurs).
Cela n’enlève rien d’ailleurs (souvent) rien à la qualité du fond (je me doute en te lisant que le texte de Delhez est intéressant), il s’agit simplement d’un angle d’approche « marketing » qui, à la longue, devient un peu usant…
Hello Semper,
En fait, c’est un peu la marque de fabrique de Jean Lopez. Pour ma part, sans adhérer à tous les « mythes bousculés », j’aime bien cet exercice de « remue-méninge ».
Bonne journée ! 😉
J’aime beaucoup le travail de Delhez sur la 1ère guerre mondiale. (A signaler qu’il a aussi fait un wargame chez VV)
En plus, c’est un gars sympathique, avec lequel j’ai eu l’occasion d’échanger sur un forum d’histoire
Je m’en vais de ce pas commander ce bouquin, merci le Bir encore une fois pour ton travail de « dénichage » !
Tout le plaisir est pour moi, mon cher Charles-Antoine !
😉
Le bouquin du sieur Arbarétier (commentaire du jour) est très bien aussi sur Sedan 1940… C’est fou comme y avait du monde dans ces Ardennes en 1870, 1914 et 1940… 😉
Dans les mythes, j’aurais aimé voir la « couardise des soldats du Midi ». Sur le sujet, j’ai beaucoup apprécié le bouquin de J-Y Le Naour, « La légende noire des soldats du Midi ». Décidément… quel déterminisme! Au Nord, les hommes sont de bons soldats, au Sud, en revanche… Cela ferait bien rire les légionnaires romains !!
En même temps, c’est bien connu que les gens du Nord sont plus bosseurs que les gens du Sud. Alors les gars du Midi, c’est comme les Espagnols … et les Italiens… Y a que les Portugais et encore… 😀
C’est clair!! Tellement peu bosseurs que ce sont eux qui ont reconstruit, en 18 et en 45 !! Et que dire de la campagne de recrutement en Italie pour bosser à la mine? Comme les Piémontais que les Salines du Midi recrutaient par charters pour la saison de récolte du sel, parce qu’ils abattaient 3 fois plus de travail que les locaux… on sait comment ça a fini. 😉
😉