Scipion ? Le revers de la médaille d’Hannibal.

La rivalité entre Rome et Carthage et les guerres puniques sont dominées par la personnalité écrasante de l’un des plus grands conquérants de tous les temps: Hannibal le Carthaginois.

Le rusé stratège carthaginois restera, dans l’histoire de l’art de la guerre, un tacticien hors pair sachant associer à ses faiblesses des intuitions géniales comme sa manœuvre de Cannes où il affaiblit son centre pour déborder par les ailes. Du jamais vu en son temps. Par contre, on évoque moins les limites de son génie et de son système de guerre en ce qui concerne les manœuvres stratégiques, sa longue chevauchée en Italie jusqu’aux portes de Rome illustre bien ces limites.

Récemment, un talentueux historien italien, Giovanni Brizzi, lui a consacré une biographie exceptionnelle que je vous recommande vivement et que j’ai commentée également.

Comme bien souvent, on en oublierait, et c’est bien dommage, qu’Hannibal Barca a été vaincu. Rome a finalement battu Carthage: « Carthago delenda est… »

La défaite du grand Carthaginois est due, certes à la puissance démographique de Rome mais également à son armée qui sut, au delà des ressources nécessaires, se trouver des généraux de talent pour affronter le stratège carthaginois. Parmi ces stratèges, Scipion dit l’Africain tient une position particulière d’autant plus qu’il bat finalement Hannibal à la bataille de Zama. Avec Scipion, on a bien un général de talent doué à la fois pour la stratégie et la tactique qui sut dominer un adversaire pourtant coriace et particulièrement expérimenté.

Malheureusement, ce grand général romain, parce qu’opposé à la stature d’Hannibal, n’a pas la place qu’il mérite dans les ouvrages consacrés à l’histoire et à la stratégie militaire. Tout comme on place Wellington dans l’ombre de Napoléon.

Cette longue introduction a pour objectif de vous présenter une rare biographie de Scipion. Ce qui est déjà en soi une curiosité. La deuxième curiosité est le fait qu’elle est le fruit du travail de recherche d’un des plus grands stratégistes britanniques du 20ème siècle: Basil Liddell Hart. Il est clair que celui qui allait être le chantre de la force blindée et de la manœuvre indirecte ne pouvait que s’intéresser au grand stratège romain.

En 1934, Liddell Hart nous livrait donc son analyse de l’art de la guerre antique de cette puissance qui allait dominer pendant de nombreux siècles la Méditerranée: Rome. Les manœuvres et les batailles du général romain en Espagne et en Afrique sont décortiquées et analysées dans un style fluide avec une approche très libre pour l’époque.

Si le texte a vieilli et manque de sources sur la décision de l’auteur (« C’est pour cette raison que j’ai supprimé de ce ces pages toutes les références qui ne pouvaient être incorporées au texte. »), il n’en reste pas moins une approche intéressante d’un des plus grands stratèges de tous les temps: Scipion l’Africain !

Chez Payot en 1934 avec 7 croquis dans le texte.


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