Je vais vous parler aujourd’hui d’un wargame à part, un wargame exceptionnel. Je l’ai découvert peu à peu ayant eu l’occasion de participer aux pré-tests. Je savais que Phantom Fury allait être un grand wargame, j’ai quand même été surpris au final. En bien évidemment… 😉

Ce wargame est une première pour bien des raisons:

  • il est tout d’abord l’un des tous premiers (le premier ?) consacré à la guerre d’Irak et particulièrement à la bataille de Fallouja. Bien peu de concepteurs, particulièrement aux USA, osent s’attaquer à un conflit aussi récent.
  • c’est un wargame solo et ils ne sont pas si nombreux que ça à boxer dans la catégorie…
  • c’est le premier d’un nouveau éditeur français, Nuts ! Publishing, né de la dynamique créé par Olivier Revenu autour de son Battles Magazine. Nuts ! Publishoing est clairement né de l’idée de pouvoir proposer des simulations qui ne peuvent entrer dans le format du magazine.
  • les composants sont d’une qualité largement au dessus de la moyenne: pour une première, on a été vraiment gâté que ce soit dans le grammage de la carte, l’épaisseur des pions, la qualité de la boîte, la beauté du livret de règles. Seul bémol, les boîtes de rangement des pions traditionnelles ne rentrent pas dans la boîte légèrement trop petite.

Le système de jeu est le fruit de l’imagination et du travail de Laurent Closier à qui on doit également Night Drop que j’ai commenté récemment.

La nature asymétrique de la bataille de Fallouja l’a amené à faire le choix d’une simulation solo; le système gérant les réactions des insurgés. Ce parti pris peut repousser des wargamers peu intéressés par des situations solos. Cela peut se comprendre mais je pense qu’ils passeraient à côté d’un système intéressant. Le point fort dans Phantom Fury, c’est que cette simulation permet de comprendre les tactiques de progression et de combat en environnement urbain avec les soutiens usuels de l’US Army et de l’USMC; à savoir les drones, les hélicoptères de combat, le support aérien et les blindés. Tout y est: tirs de couverture, éléments de sécurité, sniping, IED, attaques par les hauts,… A ce titre, cette simulation permet vraiment de mieux approcher le combat moderne en milieu urbain.

Autre aspect passionnant: les deux scénarios proposés. Le premier en 16 tours permet de bien maîtriser le système avec une progression systématique du quartier à couvrir. Il permet de limiter les risque autant que faire ce peut. Avec plus de 15 parties au compteur, j’avoue que je ne le rejoue pas car je ne vois pas les Marines perdre dans ce scénario là avec une bonne maîtrise du système de jeu. Certains l’ont qualifié de répétitif et je peux les comprendre s’ils ne jouent que ce scénario là. La pépite c’est l’autre scénario appelé « variante historique » parce que là les moyens sont plus importants dès le démarrage du jeu mais le quartier doit être conquis en 13 tours au lieu de 16. Et là, ça se complique.  Dans les pré-tests, ce scénario était limité à 12 tours mais je n’avais conclu par une victoire US qu’une seule fois. Dans cette option, il faut prendre des risques. Pour ma part, plus de tirs de couverture hors les blindés, plus d’éléments de sécurité et un rythme plus que soutenu de progression pour gagner, peut-être, sur le fil… toujours dans le dernier tour ! C’est très addictif !

Encore un point à considérer: la qualité des règles. Laurent Closier a fait là un travail de toute beauté: les règles suivent l’ordre de la séquence de jeu ce qui est très facile pour s’y retrouver et chaque point de règle est expliqué en termes d’histoire (en italique et en bleu) et en termes de jeu (en rouge). J’ai préféré nettement cette approche aux notes de conception trop souvent absentes des wargames ou toujours placées en fin de livret de règles. Si on ajoute à ça la qualité graphique du livret, les nombreux exemples pour illustrer et les tactiques mises en ligne sur le site de Nuts ! Publishing, on a là un parfait exemple à suivre par bien des concepteurs de wargame.

Bon, vous l’avez compris, j’ai adoré Phantom Fury et je ne peux que le recommander vivement aux passionnés d’histoire militaire moderne et aux accros des jeux solos. Vous doutez encore ? 😉

Pour accompagner cette simulation, je vous recommande, tout comme l’auteur:

  • Fallouja ! de David Bellavia aux éditions Nimrod en 2009.
  • Les fantômes furieux de Fallouja des cahiers du Retex signé du colonel Michel Goya 😉

A noter que le travail de conception de Laurent Closier a été magnifiquement soutenu par le travail de Thomas Pouchin  au développement et au design. Le design de la boîte (tout aussi magnifique) est signé d’Olivier Revenu.

Pour le commander, c’est en ligne auprès de Nuts ! Publishing.

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