De la Marine Nationale à la DGSE: le parcours d’un marin à travers un demi-siècle.

Un amiral au secret Pierre Lacoste

La quatrième de couverture laisserait augurer un texte essentiellement centré sur l’affaire du « Rainbow Warrior ». Il n’en est rien. L’amiral Pierre Lacoste nous livre ses souvenirs de son enfance à sa reconversion dans la diffusion d’une culture du renseignement dans la société civile et particulièrement à l’Université.

A l’instar de ses collègues terriens, l’amiral Lacoste a connu la seconde guerre mondiale, la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie, la grande aventure de la dissuasion nucléaire. La Marine Nationale n’a pas été en reste dans ces missions de combat et de modernisation de nos forces armées. Si beaucoup d’officiers supérieurs de l’armée de terre nous ont laissé leurs mémoires, on peut noter que c’est plus rare pour les autres armes. Il est clair que les opérations terrestres avaient pris le pas sur les autres dimensions de la guerre.

Ce qui est original dans le parcours de l’Amiral Pierre Lacoste c’est que l’apogée et la fin de sa carrière militaire se soient réalisées à la tête de nos services secrets, la DGSE. Presque trois années passées à sa tête pour animer et restructurer des services secrets. Il est clair que l’opération du « Rainbow Warrior » est venue écourter une carrière bien remplie. Faut il le rappeler mais ce navire de l’association Green Peace avait pour objectif de perturber les essais nucléaires français dans le Pacifique. En 1985, la décision, politique, de le couler en Nouvelle Zélande se révéla désastreuse en termes d’image pour la France surtout que l’opération fit un mort. Beaucoup de Français découvrirent à cette occasion que nos services secrets œuvraient en dehors de la légalité dans des missions actions officiellement non portées par le pouvoir politique… Pour ce qui est de couler des navires, la chasse aux trafiquants d’armes durant la guerre d’Algérie (voir le dossier rouge d’Erwan Bergot) donna lieu à quelques « coups » de l’Europe du Nord au Maroc…

Si l’amiral Lacoste ne nous livre aucun secret d’état, il n’en porte pas moins un regard clair, sans langue de bois, sur l’institution militaire, le métier de soldat, les services secrets et l’institution politique. Pas de langue de bois mais beaucoup d’humilité et de regards positifs portés sur les hommes et les institutions. A travers son témoignage sur l’opération « Rainbow Warrior », on découvre son estime pour Charles Hernu ou Claude Cheysson mais également sa déception vis à vis du président Miterrand et aussi sa défiance à l’égard de Laurent Fabius. Visiblement les politiques et les militaires n’auront jamais les même valeurs…

En fait, cet ouvrage de souvenirs de 220 pages mériterait un approfondissement dans un format plus étoffé de 400 à 500 pages. J’espère que l’amiral Lacoste nous livrera, un jour, des souvenirs plus complets. Son parcours dans l’histoire de notre pays le mérite.

Aux éditions Flammarion en 1997.



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