Une enquête rigoureuse sur des faits mal connus en France.

Avant de lire l’ouvrage de Pierre Péan, j’avais une vision réduite des conflits d’Afrique Centrale. C’est le titre de l’ouvrage, sacrément accrocheur, qui m’a amené à acheter cet ouvrage.

noires-fureurs-blancs-menteurs-pierre-peanIl est clair que les événements du Rwanda ont déchainé les passions à un point que j’ignorais. Pierre Péan, comme à son accoutumée, a mené une enquête précise et rigoureuse. Je reprocherais à l’ouvrage une dimension très/trop fouillée difficile parfois pour ceux qui ne connaissent pas le sujet mais, je dois le reconnaître, indispensable pour étayer son argumentation face aux contradicteurs qui n’ont pas manqué.

Visiblement, la situation s’avère plus complexe que ce qui est communément établie par les médias: un état dominé par les Hutus, une guérilla du FPR (tutsi) menée de l’étranger (Ouganda), une communauté internationale pusillanime, une volonté française d’amener les contradicteurs à la table des négociations, une administration de l’ONU notoirement incompétente (comme d’habitude) et un jeu d’événements qui va mener à la catastrophe. Pierre Péan va particulièrement se concentrer sur l’événement qui met le feu aux poudres: l’attentat qui va tuer les chefs d’état du Burundi et du Rwanda en 1994. Il démontre la responsabilité sans appel du FPR de P. Kagame – ce qui a également été démontré par l’enquête du juge Brughière. Beaucoup de pages sont aussi consacrées aux opérations de déstabilisation menées par le FPR et des associations divers en Europe (particulièrement en Belgique et en France). Le rôle de certains médias et journalistes est également pointé du doigt.

Quant on sait que les massacres ont continué après 1994 et lors de la chute de Mobutu au Congo, on vient à penser qu’une terrible malédiction pèse sur cette région des Grands Lacs africains.

Les faits étant récents, je reste dans l’attente d’un ouvrage précis d’un historien de renom sur un sujet visiblement très polémique.

Noires fureurs, blancs menteurs est un ouvrage de Pierre Péan, édité chez Mille et une nuits (2005). 544 pages.



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