Jean Tulard est l’historien de référence actuel de Napoléon Bonaparte.

A une érudition exceptionnelle, il associe un talent d’écriture certain. J’avais par contre été déçu par son dernier opus: « Napoléon, les grands moments d’un destin« . J’ai donc accueilli son dernier ouvrage: « Napoléon, chef de guerre » avec une pointe d’inquiétude car il attaque mon sujet de prédilection, l’Empereur Napoléon 1er, sous l’angle de son savoir-faire le plus connu: l’art de guerre.

Et bien nulle déception dans celui-ci ! Un Jean Tulard au meilleur de son art dans un ouvrage de synthèse de 380 pages qui donne le meilleur de ce qu’il faut savoir sur Napoléon et la guerre impériale ! Sur un sujet qui mérite et qui a eu des dizaines de milliers de pages produites, Jean Tulard arrive à faire le tour en trois belles parties:

  • la préparation de la guerre: des origines de l’armée napoléonienne à ses composantes, des conditions pour la réussir aux moyens opérationnels
  • la guerre: le corps d’armée, les manœuvres et les campagnes, les prisonniers, les morts et les blessés, la recherche de la paix et la légende noire du million de morts
  • la défaite: Jean Tulard pointe les faiblesses et les difficultés rencontrées qui firent chuter l’Empereur des Français. Sa maîtrise globale, entre autres économique, rend cette partie très intéressante. Quelques lecteurs seront surpris de ne pas voir de chapitre relatif aux victoires sans doute…

Certains reprocheront sans doute à l’auteur de ne pas traiter son sujet « à fond », de rester finalement assez général, je devrais dire « global ». D’autres y verront quelques erreurs comme le poids du fusil d’infanterie à 1,4 kg ! 😉 Détail, détail… En fait, il faut bien revenir au titre de l’ouvrage ! Le sujet de Tulard n’est pas la guerre napoléonienne, la Grande Armée ou les campagnes ! Son sujet c’est bien Napoléon campé en chef de guerre, en chef d’état engagé dans une grande guerre européenne. Tulard prend de la hauteur. Ses plus beaux chapitres sont pour moi ceux qu’il consacre au financement, au renseignement, à la paix, à la guerre psychologique, à la guerre maritime, à la contre guérilla ou à la bataille pour la postérité. Hauteur de vue, dis-je, digne de son sujet ! Vous noterez quand même que tous les chapitres couverts ont déjà fait l’objet de bien des ouvrages, souvent plus confus d’ailleurs.

On a donc bien là un ouvrage synthétique, véritable point d’entrée pour la compréhension d’un Napoléon combattant et de son impact sur la guerre de son époque.

L’ouvrage est accompagné de belles annexes relevant l’ensemble des batailles auxquelles Napoléon Bonaparte a personnellement participées plus des annexes commentées tirées de ses écrits de Saint Hélène. Si on ajoute une bibliographie assez complète et accessible à tout un chacun, on a bien là un ouvrage qui fera date dans l’historiographie de l’Empereur. Vraiment un beau travail selon moi.

Jean Tulard. Napoléon, chef de guerre aux éditions Tallandier en 2012.



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