Naissance et déclin des grandes puissances Paul Kennedy

Ce livre m’a fait de l’oeil dans ma bibliothèque durant de trop nombreuses années. Mais il faut reconnaître que les près de mille pages (992 en fait) m’avaient plutôt freiné…

Publié pour la première fois en 1988, l’ouvrage fut un best seller immédiat, traduit en 23 langues.

Deux raisons à cela:

  • tout d’abord, dans cet essai, Paul Kennedy propose une analyse réellement intéressante et éclairante des rapports entre l’économie, la finance et la puissance militaire des nations. Son analyse porte sur la période 1500-2000: près de 500 ans d’analyse et 20 années de prospective…
  • ensuite, et en conséquence de l’analyse précédente, l’auteur, britannique, se penche sur le déclin prévisible de la puissance américaine. C’est sans nul doute cela qui amena son ouvrage à un tel succès !

L’essai est découpé en trois parties de taille inégale:

  • stratégie et économie dans le monde préindustriel: dans une approche résolument mondiale, Paul Kennedy pointe l’ascension du monde occidental et concentre son analyse sur les tentatives hégémoniques des Habsbourg puis sur la continuité française de Louis XIV à Napoléon.
  • économie et stratégie à l’ère industrielle: le poids de l’industrie croissant, trois puissances vont rapidement se distinguer: l’empire britannique, l’empire allemand et le jeune état américain. Il faudra deux guerres mondiales pour entraîner la crise des « puissances moyennes » et la mise en place du monde bipolaire: USA & URSS.
  • stratégie et économie aujourd’hui et demain: ici l’auteur est contraint de quitter l’Histoire pour entrer dans le monde de la prospective. S’il passe évidemment à côté d’événements majeurs, ses réflexions sur « le temps long » cher à Fernand Braudel restent bien intéressantes particulièrement en ce qui concerne les Etats-Unis, le Japon et la Chine. Mais c’est sûrement la partie la plus aride du texte.

Les passionnés d’histoire militaire découvriront, dans cet essai, des dimensions bien trop souvent absentes ou trop peu détaillées dans les ouvrages classiques consacrés à la « res militaris ». Enfin, sur le plan puissance et stratégie militaires, Paul Kennedy se révèle un vrai connaisseur.

Au final, un ouvrage vivifiant, profond, avec une large vue dans le temps et l’espace à intégrer d’urgence à votre bibliothèque. Mais attention, c’est du « très lourd » ! 😉

L’ouvrage est d’une grande densité de texte appuyée de notes bibliographiques volumineuses (150 pages), de 12 cartes et de 52 tableaux et graphiques. Avec une présentation du texte par Pierre Lellouche.

Edité en 1989 puis dans la Petite Bibliothèque Payot en 1991 et 2004.


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