La sortie d’un ouvrage de Michel Goya est un événement en soi. Qui plus est, celui-ci est consacré à l’armée française et à l’année 2018 dont nous fêtons, encore, le centenaire.

Pour rappel, Michel Goya est l’auteur de « La chair et l’acier », un ouvrage qui fut, pour moi, une lecture importante des 10 dernières années. Cet ouvrage était, lui aussi, consacré à la 1ère guerre mondiale, c’est dire l’expertise de l’auteur sur le sujet.

« Les vainqueurs » se concentrent sur l’année 1918 et sur le rôle joué par l’armée française, mais aussi par son industrie, dans la victoire des Alliés sur l’Allemagne impériale.

Une fois de plus, Michel Goya met à disposition de ses lecteurs un texte clair, précis, argumenté et dont on retiendra les points suivants:

  • Jusqu’à l’été 1918, les Allemands ont l’initiative de par l’apport des troupes venues du front de l’est, suite à la révolution bolchévique et à la défection russe.
  • Les Allemands, malgré une doctrine tactique au point, ne vont pas réussir la grande percée souhaitée. Ici aussi, le manque de vision du commandement allemand est mis en cause. Voir « L’inévitable défaite » de Sylvain Ferreira.
  • Pour Michel Goya, la cause principale en est la capacité essentiellement française de translater rapidement des réserves sur les points successivement menacés.
  • Les Allemands vont peu à peu épuiser leurs divisions d’élite et voir leurs réserves diminuer tant en quantité qu’en qualité.
  • Quand le moment sera favorable, à la mi-juillet, les Alliés reprendront l’initiative, sous le commandement unifié de Foch, avec une doctrine de coups successifs, portés sur la totalité du front, et avec des moyens tactiques efficaces (chars, aviation, logistique motorisée, doctrine d’emploi des unités) entrainant l’usure rapide puis les retraits successifs de l’armée impériale.
  • Si la guerre s’était poursuivie jusqu’au début de 1919, c’est l’épée dans les reins que les Allemands auraient regagné leur « Vaterland »…
  • Trois chapitres concluent l’ouvrage avec intérêt: la manoeuvre victorieuse dans les Balkans, les conséquences immédiates de la victoire sur le plan militaire et l’analyse des causes des échecs de l’après-guerre pour préparer la guerre suivante…
  • J’ai bien apprécié la dimension économique et industrielle qui permet de comprendre le rôle essentiel joué par la France pour équiper son armée mais aussi ses Alliés, en particulier l’Italie et surtout la jeune et pléthorique armée américaine.

Une fois encore, la démonstration est très vivante et bien étayée. Une lecture vivifiante. Indispensable dans toute bonne bibliothèque consacrée à la 1ère guerre mondiale.

Un ouvrage publié aux éditions Tallandier en août 2018. Avec huit cartes dans le texte, notes, chronologie, bibliographie indicative et un index des noms de personnes.

 


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