Ceux qui me connaissent savent mon attachement au lien entre les nations occidentales ainsi que mes provocations concernant « les Etats-Unis d’Occident » transatlantiques…

Je viens de terminer « La tyrannie de la pénitence » de Pascal Bruckner et je peux résister au plaisir de vous livrer quelques lignes de sa conclusion qui me vont, évidemment, droit au coeur…

« Il s’agit donc de changer le regard que nous portons sur nous-mêmes, de procéder à un renversement complet des valeurs.

En premier lieu, renouer le lien transatlantique. pas plus que ne pouvons nous passer des États-Unis, ils ne peuvent se passer de nous. Ils disposent de l’exubérance, de l’énergie dont nous avons tant besoin. En dépit des suspicions réciproques, nous sommes voués à resserrer nos liens, à partager les mêmes fardeaux.

Les démocraties se doivent d’être armées et puissantes pour n’être pas défaites par les forces de la tyrannie. Elles sont dépositaires en effet d’un trésor infiniment périssable et fragile: les droits humains, le respect des principes. Elles sont responsables de la perpétuation de la démocratie elle-même.

L’Europe, si elle veut avoir la moindre influence, devrait édifier, à côté de son grand voisin, un deuxième ensemble, inédit dans ses ambitions et sa forme politique, né du consentement volontaire des peuples à l’érosion de leur souveraineté.

A tous les partisans du grand schisme qui réclament le divorce et voient dans l’océan Atlantique un lac métaphysique séparant deux philosophies irréductibles, il faut répondre que cette rivalité doit être convertie en émulation entre blocs qui ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre en termes d’audace et de prudence: tempérer la fougue américaine par la pondération européenne et la raison européenne par le dynamisme américain.

Il ne s’agit pas de choisir entre le Vieux et le Nouveau Monde, c’est l’affrontement dialectique de l’un avec l’autre qui est seul passionnant, seul générateur de contrastes fructueux.

Il faut rapprocher les deux moitiés brouillées de l’Occident puisque, à l’exception notable de l’Inde et du japon, elles restent les seules garantes des régimes pluralistes. Et qu’importe la querelle sémantique autour du mot Occident, qu’il y en ait un ou plusieurs, qu’on l’abandonne ou qu’on le garde, pourvu qu’il reste ce principe subversif qui met en crise les traditions et l’arbitraire, promeut la liberté, interdit à chaque nation de se replier sur elle-même (ce pourquoi les « valeurs occidentales » sont honnies par tous les fanatismes, des fondamentalistes musulmans aux intégristes polonais).

Réconcilier l’Europe avec l’Histoire et les États-Unis avec le monde, telle est notre tâche en ce début de XXIème siècle.« 

Je commenterai prochainement cet ouvrage de Pascal Bruckner publié en 2006 aux éditions Grasset & Fasquelle.


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