Joffre attaque au centre. 22-26 août 1914.

J’avais repéré cet auteur belge via la revue Champs de Bataille.

Il est l’auteur d’un ouvrage, en deux tomes, « Le jour de deuil de l’Armée française » consacré aux combats d’août 1914 et j’avais apprécié son article sur la bataille des forts de Liège (1914) dans le numéro 51 de la revue Champs de Bataille.

En fait comme annoncé dans son prologue, l’ouvrage dont il est question ici est la version synthétique des 1.300 pages de « Le jour de deuil de l’Armée française ». Résumer une telle somme en moins de 200 pages, c’est la gageure à laquelle auteur et éditeur se sont astreints.

De fait, on peut subdiviser cette synthèse en quatre parties:

  • Avant la bataille: Joffre et ses généraux, les plans de campagne, les forces en présence, la préparation de l’offensive, le dispositif allemand, le terrain, avant la bataille, positions et objectifs. On a ici une analyse assez fine et dans un style enlevé des circonstances qui allaient mener à la bataille. Les intentions des deux belligérants sont particulièrement bien mis en valeur. L’auteur maîtrise visiblement bien son sujet.
  • La bataille proprement dite: les quinze batailles du 22 août 1914, l’offensive brisée, le 23 août, le 24 août, la contre-offensive d’Etain, les combats autour de Montmédy, les Allemands veulent forcer la Meuse, le siège de Longwy. Chaque « bataille » de la « bataille des frontières » est décrite avec une carte à l’appui. Cette approche séquentielle est lourde et devient assez monotone au fil de la présentation. Les cartes, tout en étant claires, sont quand même d’un standard assez basique, problème récurrent chez Economica. C’est vraiment dommage vu leur nombre élevé. Mais au final, on comprend bien les erreurs opérationnelles et tactiques faites par les généraux français devant des Allemands qui n’en demandaient pas tant…
  • Les conclusions: autopsie d’une défaite, enseignements et limogeages, une révolution militaire, l’Allemagne gagne la bataille du fer. On retrouve le style percutant de l’auteur, bien présent dans la première partie. Ses conclusions sont intéressantes quoique trop ramassées, je pense. Pour ce qui est de son analyse sur catholiques/protestants qui expliquerait en partie l’échec français, je lui rappellerai quand même que les mêmes français catholiques ont donné les généraux et les troupes de la Révolution et de l’Empire…

En annexe, nous avons une présentation de la méthode de travail de l’auteur, les sources et un ordre de bataille sommaire. Concernant le chapitre consacré au travail de l’auteur, on y trouvera une critique argumentée mais acerbe de ses devanciers, historiens généraux ou spécialisés. C’est utile mais rude.

Bref, au final, pour ma part, un ouvrage utile qui comble un vide évident. Je pense que l’approche synthétique de commande ne permet sans doute pas de se faire une idée exhaustive de la maîtrise de son sujet par Jean-Claude Delhez. Je vous joins le lien vers son site pour éventuellement commander « Le jour de deuil de l’Armée Française« , 56 euros tout de même.

La bataille des frontières. Jean-Claude Delhez. Aux éditions Economica en 2013. 200 pages, de nombreuses cartes, sources et l’odre de bataille sommaire en annexe.


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