Le génocide au Rwanda 1994. Visiblement, le sujet reste d’actualité. D’autant plus que le président du Rwanda, Paul Kagame, au pouvoir depuis 1994 à Kigali, vient en visite d’état en France milieu septembre 2011.

On sait déjà qu’il ne rencontrera pas notre ministre des Affaires Étrangères, Alain Juppé, sans doute occupé ailleurs… et dont les convictions sur le dossier rwandais sont les plus clairement affirmées dans l’appareil d’état français de l’époque comme dans celui d’aujourd’hui: « Non, la France n’a pas fauté au Rwanda… »

A l’époque des faits, j’étais totalement passé à côté de la situation dans la Région des Grands Lacs (Congo, Rwanda, Burundi, Ouganda). Et il y eut 1994 et le génocide rwandais…

C’est la lecture de l’ouvrage de Pierre Péan, « Noires fureurs, blancs menteurs », qui m’avait fait découvrir, en 2008, les faits mais aussi les dimensions médiatique et juridique du « dossier rwandais ».

Un petit peu à la fois, j’ai commencé à me passionner pour le sujet et cet été a encore été propice à quelques lectures complémentaires. Parmi celles-ci, j’ai retenu les ouvrages de l’historien de l’Afrique, Bernard Lugan. Je connaissais déjà l’auteur pour son intéressante « Histoire du Maroc » régulièrement ré-éditée.

Je vous présente aujourd’hui l’un des trois ouvrages que cet auteur a consacré aux événements du Rwanda: « François Mitterrand, l’armée française et le Rwanda ».

De fait, le Rwanda n’est pas une ancienne colonie française. Colonie allemande, sous tutelle belge ensuite, les rapports entre la France et le Rwanda ne vont se développer qu’avec les indépendances africaines. Il est utile de rappeler que le Rwanda est un pays francophone.

Bernard Lugan nous propose un ouvrage bien structuré dans lequel on découvrira que l’engagement militaire français fut récent par rapport aux événements de 1994:

  • des missions à la coopération (1962-1960)
  • 1990: le début de l’engagement militaire français
  • 1991: l’engrenage
  • 1992: le durcissement
  • 1993: entre guerre et paix
  • 1994: la descente aux enfers
  • L’opération Turquoise
  • L’armée française en accusation

Par cette construction, Bernard Lugan répond, pied à pied, de manière argumentée et détaillée, aux accusations portées par un certain nombre de journalistes, d’historiens (qu’il qualifie de militants), de membres d’ONG et surtout du gouvernement de Paul Kagame. Il le fait sur la base précise des accusations nominatives et datées.

Les faits marquants pour Lugan restent les suivants:

  • l’antagonisme hutu-tutsi est ancien
  • les hutu sont majoritaires au Rwanda
  • la solution démocratique souhaitée par François Mitterrand ne pouvait convenir au FPR de Paul Kagame qui recherchait une victoire militaire
  • Le FPR a tout fait pour envenimer la situation rwandaise à partir de ses bases ougandaises
  • Le génocide n’a pas été planifié
  • L’armée française ne s’est pas salie au Rwanda

C’est sur ce dernier point que l’ouvrage est pour moi le plus important car l’auteur répond de manière précise aux accusations lourdes contre l’armée française formulées en particulier par Patrick de Saint-Exupéry dans « L’inavouable »:

  • Turquoise, une opération écran d’aide aux hutu ?
  • Turquoise, une opération trop humanitaire ?
  • Turquoise, une opération de guerre contre le FPR/APR ?
  • Turquoise, une opération d’exfiltration du gouvernement intérimaire ?
  • Les affaires Nsengaremye et Twagiramungu
  • Les « machettes » du RICM
  • La Radio Mille Collines
  • Turquoise, une « bombe à retardement » ?
  • Le montage de Bisesero
  • La vareuse du GIGN

Pour rappel, Bernrd Lugan est un historien spécialiste de l’Afrique, il a enseigné à l’Université du Rwanda de 1972 à 1983.

Je commenterai très prochainement le dernier ouvrage de Pierre Péan, « Carnages » ainsi que l’un des autres ouvrages de Bernard Lugan: Rwanda: contre-enquête sur le génocide.


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