Et si Napoléon Antoine Reverchon

Par définition, les wargamers adorent « rejouer l’histoire » et se poser des questions du type « que ce serait-il passé si… ». Les anglo-saxons sont d’ailleurs tout particulièrement friands de ce genre d’exercice qu’ils ont baptisé des « what-if ».

La collection  « Mystères de guerre » des éditions Economica dont la baseline originale est « Enigmes – controverses – uchronies » a fait de ce genre de situations l’un des sujets de ses publications régulières avec, par exemple, le « Assaut sur Malte ! 1942 Si l’Axe avait osé… » de Charles Turquin ou encore « La France pouvait-elle gagner en 1870 ? » d’Antoine Reverchon.

Mais revenons en à la campagne de Belgique en 1815 dont nous venons de sortir du bicentenaire.

L’ouvrage d’Antoine Reverchon commence le 18 juin, le jour même de la bataille de Waterloo avec quelques modifications de l’Histoire qui vont permettre la victoire des armes françaises sur celles des Alliés anglo-hollandais et prussiens. Quelques erreurs évitées, quelques initiatives heureuses et un Grouchy bien plus entreprenant feront l’affaire !

Et ce sera l’entrée triomphale à Bruxelles où Napoléon mettra en avant la question de l’indépendance belge au centre des débats et des contradictions des chancelleries des principales Puissances. Car il s’agit bien de diviser pour mettre à mal une Coalition trop puissante pour la France.

L’uchronie se développe ensuite par la poursuite qui va permettre d’étriller vertement l’ordre de bataille prussien tout en avançant vers l’est, vers l’Alsace où se jouera le prochain acte militaire face aux Autrichiens de Schwarzenberg et aux Russes d’Alexandre III en approche plus lointaine.

Parallèlement, on assistera aux efforts des généraux et maréchaux français pour ralentir l’avancée des Alliés sur des fronts périphériques comme les Alpes, le Midi et au travers de la frontière espagnole.

Le gros morceau restera quand même la campagne à l’est avec des batailles importantes en Alsace.

Sur la forme, les manoeuvres sont extrêmement détaillées avec ordres de bataille et critiques des mouvements et décisions tant du point de vue français que de celui des Alliés.

Si l’exercice est très intéressant pour les wargamers, réalisé sérieusement, il n’en est pas moins singulièrement aride. Les cartes (4) explicites en fin d’ouvrage sont indispensables mais comme l’auteur y fait référence de manière permanente, j’ai dû les imprimer pour suivre au plus près l’évolution des manoeuvres.

Il s’agit donc d’un  « what if » passionnant pour les amateurs de jeu d’histoire qui y trouveront matière à scénarios (je pense à Vol de l’Aigle de Didier Rouy par exemple) et pourquoi pas à édition de jeu.

Par contre, pour les autres lecteurs, je crains que le texte ne soit trop précis et linéaire avec tous ces mouvements et contre mouvements si caractéristiques des manoeuvres napoléoniennes ! Bref, il faut aimer ça ! 😉

Et si Napoléon avait gagné à Waterloo ? Antoine Reverchon aux éditions Economica en juin 2015. Quatre cartes, une bibliographie. 176 pages.


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