Eben Emael Hugues Wenkin

Combattre les évidences…

Le nom d’Eben Emael sonne comme le premier coup de la tragédie de Mai 1940. On en garde le souvenir d’une poignée de parachutistes allemands prenant d’assaut l’un des forts les plus complets de la fortification moderne. L’assaut par la troisième dimension était la traduction de la surprise stratégique avec des troupes préfigurant les forces spéciales dotées de nouvelles armes: le planeur & la charge creuse. Et on s’était arrêté, dans le raisonnement, à une rupture technologique qui faisait basculer la guerre dans une nouvelle époque.

Et bien c’est là que commence le travail d’Hugues Wenkin. Son propos n’est pas de minorer le rôle des fallschirmjägers allemands mais plutôt de pointer les faiblesses qui ont permis une telle surprise stratégique; à savoir:

  • la stratégie de neutralité belge
  • les lignes de défensives successives et l’étirement des grandes unités
  • le manque d’intégration de la fortification dans les commandements environnants
  • l’impréparation de la position face à un assaut provenant de la 3ème dimension
  • les faiblesses du commandement de la fortification
  • le manque d’entraînement et de motivation de la troupe
  • les dysfonctionnements nombreux observés lors de l’assaut (transmissions, matériels,…)

Ce travail d’investigation historique, réalisé par l’auteur, se base avant tout sur le rapport de la commission d’enquête belge établi dès 1947 mais qui était resté plus que confidentiel depuis cette époque. Il valait mieux souligner la vaillance de l’ennemi que les dysfonctionnements réels de l’armée belge…

Sincèrement, le texte d’Hugues Wenkin est très complet et fait habilement le tour de la question tant au niveau de la contextualisation et de l’analyse des faits que de la relation des 36 heures de combat sur la position d’Eben Emael. Avec ce texte, ses qualités d’historien sont de plus en plus affirmées, j’avais eu l’occasion d’apprécier récemment son « Rommel, à la pointe du blitzkrieg de l’Ardenne à la Manche » mais aussi régulièrement ses textes publiés dans les revues des éditions Caraktère.

Au delà du texte, je vous conseille aussi vivement l’écrin réalisé par les éditions Weyrich, éditeur ardennais qui propose en plus de 180 pages une masse iconographique de grande qualité: photos n/b et couleurs, cartes, schémas.

Le tout constitue un élément indispensable dans une bibliothèque consacrée à la seconde guerre mondiale. A ne rater sous aucun prétexte.

Ah oui, une précision ! L’ouvrage est disponible en librairie et auprès de l’éditeur. Vous ne le trouverez pas sur Amazon. L’éditeur ardennais constituant l’un des derniers villages d’irréductibles résistant aux légions d’Amazon ! 😉

 

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