La revue d’histoire militaire « Champs de bataille » s’est souvent distinguée par la couverture de sujets rarement étudiés. On ne peut pas dire que l’étude de l’adaptation de l’armée française à la guerre contre-révolutionnaire ne soit pas l’un de ces sujets rares !

Qui plus est, l’éditeur, Conflits & Stratégie, est allé nous dénicher le texte d’un auteur américain qui est évidemment traduit en français pour la circonstance.

J’avais déjà présenté rapidement l’auteur , Peter Drake Jackson, dans l’article consacré à la sortie du magazine. Aller chercher des textes américains et les proposer au public français semble désormais une pratique courante chez l’éditeur, voir récemment la même démarche avec le célèbre historien du front de l’est, David Glantz.

Pour en revenir au texte présenté ici, sur le fond, nous avons droit à une démarche systématique d’analyse détaillant, sur 108 pages, les points suivants:

  • l’organisation territoriale: les particularités du terrain et l’importance du contrôle des populations vont impliquer des choix décisifs sur la couverture des territoires  par les  unités combattantes
  • l’évolution de l’infanterie est centrale particulièrement face aux guérillas
  • les forces mobiles, indispensables à la destruction du corps de bataille ennemi quand il se concentre
  • l’appui feu qu’il soit terrestre, naval ou aérien
  • et les troupes supplétives locales car l’enjeu reste bien le contrôle des populations

L’évolution à travers les deux conflits est particulièrement intéressante car, s’il s’agit de guerres contre-révolutionnaires, les adversaires, le terrain, la géopolitique internationale et régionale vont diablement impacter différemment l’outil qu’est l’armée française.

En effet, à part la volonté d’indépendance, les deux adversaires de la France ont peu de points communs. Le Vietminh est constitué en guérillas et en corps de bataille, avec un soutien logistique sur une frontière poreuse à partir de 1949, avec une puissance de feu importante au niveau des unités élémentaires. Quant au FLN algérien, il est organisé au plus en bataillons d’infanterie légère, sans support, avec des frontières assez hermétiques. Et que dire du terrain: terriblement coupé avec de nombreux couverts en Indochine pour lesquels les déplacements sur les routes et les cours d’eau sont essentiels; alors qu’en Algérie, le terrain est plus ouvert et propice au soutien aérien avec l’introduction massive des hélicoptères.

Bref, beaucoup de points différents distinguaient les deux contextes – d’où l’intérêt de cette étude centrée sur l’armée française mais s’intéressant aussi, en contrepoint, à la structure de ses adversaires.

Sur la forme, j’ai parfois trouvé le texte répétitif avec des formulations lourdes (un problème de traduction sans doute). On constate encore trop de fautes dans le texte, problème récurrent dans Champs de bataille.

Mais cela n’enlève rien à l’intérêt de ce dossier, utile pour ceux qui s’intéressent aux conflits français de la décolonisation.

Cette étude est évidemment soutenue par une iconographie abondante: photographies, cartes, profils, organigrammes mais aussi par des chronologies et une bibliographie bien dense.

Champs de bataille Thématique n°37 – bimestriel de septembre 2014. En vente dans les maisons de la presse et chez l’éditeur.

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